Depuis toujours, les hommes essayent de comprendre le rêve : le flot d'images plus ou moins cohérentes qui traverse leur esprit a-t-il un sens ? Le rêve, comme le pensaient les Anciens et comme le pensent encore de nombreux peuples issus de cultures différentes, véhicule-t-il un message ? La psychanalyse a remis en question de façon brutale la conception universelle qui faisait du rêve le langage de l'âme ; avec Freud et ses disciples, le rêve n'est plus que le mode d'expression de l'inconscient, le surgissement, sous des formes voilées (à cause de la censure sociale) des instincts. Même les rêves de l'enfant sont interprétés dans cette optique : tout n'est que refoulement, angoisse, peur... Cette conception, qui a dominé une bonne partie du vingtième siècle, commence à être remise en cause aujourd'hui. De plus en plus d'auteurs reviennent à une conception plus traditionnelle, mais ô combien enrichissante, du rêve comme activité naturelle de l'esprit. «Contrairement à la conception de Freud, écrit le psychologue allemand Ernest Aeppli, le rêve ne représente pas seulement la manifestation de la réalité cachée, mais il constitue en lui-même un événement complet. Il est le témoignage nocturne de l'âme. C'est pourquoi nous ne parlons pas de façade du rêve comme le fait la psychanalyse...» Plus loin, le même auteur écrit : «Il semble que le rêve possède une connaissance infiniment large de tous les événements, de toutes les possibilités. C'est comme s'il habitait un centre d'où il serait capable d'embrasser les plus proches comme les plus lointaines réalités humaines...»