Témoignages n Des habitants du plateau des Annassers sur les hauteurs d'Alger ont vécu, hier, une journée mouvementée. Tout a commencé vers 11 h, lorsque des fourgons de police (CNS) sont arrivés sur place accompagnés d'une dizaine de camions municipaux pour évacuer «de force» les habitants de ce vieux quartier d'Alger. «Ils ont voulu nous déloger de force pour nous amener dans un quartier à Aïn Naâdja que nous ne connaissons même pas», témoigne une femme qui habite le quartier depuis 50 ans. Les accrochages ont commencé lorsque les policiers ont essayé de pénétrer dans les maisons pour y faire évacuer meubles et occupants. Ces affrontements ont causé, selon des témoignages, des blessures légères à quelques habitants. Six personnes ont été arrêtées et conduites au commissariat. «Ils n'ont même pas eu pitié des enfants qui pleuraient quand ils ont commencé à nous faire sortir», raconte une femme. «Ils ont essayé de nous faire sortir en utilisant la violence», témoigne un jeune habitant qui dit leur avoir échappé… Selon les habitants, personne n'a jeté des pierres ou utilisé une arme blanche ou autres contre les forces de l'ordre. Les familles concernées (9 au total) ont affirmé, acte de propriété en main, que le terrain leur appartient depuis 1888. «Ce n'est pas que ne nous voulons pas quitter nos terres, mais ils ne nous ont même pas fait visiter notre nouveau lieu de résidence et nos nouveaux logements. Comment voulez-vous qu'on aille dans un endroit inconnu, nous qui vivons ici depuis des générations», dit une vieille habitante. Interrogé, le P/APC des Annassers, qui s'est déplacé sur les lieux après 4 heures d'affrontements, nous a déclaré que le terrain a été retenu pour la construction du nouveau siège du ministère des Affaires étrangères et que les habitants ont été avisés depuis longtemps. «L'opération de délogement à été signée par le wali d'Alger après la constitution d'une cellule de suivi. On ne fait qu'appliquer la loi», a-t-il expliqué. Les responsables de sécurité sur place ont refusé de faire des commentaires sur les circonstances de l'incident. Hier, vers 15 h le calme était revenu au Plateau des Annassers. Une affaire à suivre.