Histoire n La salle El-Mougar a abrité, dimanche, et en avant-première, le film Mon Colonel, écrit par Costa-Gavras et Jean-Claude Grumberg et adapté de Mon Colonel de Francis Zamponi (éditions Actes Sud). Le film, une coproduction franco-algéro-belge réalisé par Laurent Herbiet, raconte l'histoire d'un ancien colonel qui a participé à la Guerre d'Algérie, que les autorités françaises appelaient, à l'époque, la pacification. Cet homme est assassiné à son domicile : une enquête est ouverte. Elle est doublement menée et par les instances policières et par les services relevant du ministère des Armées français. Car le crime est en relation avec la Guerre d'Algérie. Ainsi, les enquêteurs interrogent toute personne ayant connu et travaillé avec le colonel quand il était en fonction en Algérie. Dans leurs investigations, les enquêteurs nous font remonter jusqu'à la Guerre d'Algérie. Le film se présente comme un polar : un mort, l'arme du crime. Il ne leur reste qu'à réunir les pièces du puzzle pour débusquer l'assassin. C'est donc un film policier qui nous est présenté, mais cela n'est qu'un prétexte pour aborder, du côté français, la Guerre d'Algérie et dénoncer les exactions perpétrées par l'armée française contre la population algérienne, notamment la torture que l'Etat français a longtemps niée. Le réalisateur a su, et d'une manière artistique, traduire les faits en images. Les plans sont réalisés avec succès ; les scènes sont expressives, suggestives et chargées d'émotions. L'utilisation du noir et blanc dans certains plans des années 1950 lui confère cette valeur de document d'archives. Outre l'aspect technique et le volet historique du film, le réalisateur a su raconter l'histoire en images et ce, en tenant le public en haleine : pourquoi le colonel a-t-il été assassiné ? Par qui ? Le film interroge le public, et le fait interroger également sur l'histoire pour répondre – objectivement – à des interrogations restées, longtemps après l'indépendance de l'Algérie, en suspens.