Assurance n «Le temps des vaches maigres est derrière nous», avait déclaré récemment le Chef du gouvernement au Forum de la télévision. M. Belkhadem répondait à une question d'un confrère qui l'interrogeait sur les effets de la faible pluviométrie enregistrée cette année sur la céréaliculture. Plus rassurant, le chef de l'Exécutif avait ajouté : «Hamdoulillah, notre pays est loin de la famine... On s'est d'ores et déjà préparé.». Selon lui, l'Algérie a suffisamment de réserves stratégiques de blé. «Nous en avons importé suffisamment depuis le mois d'août pour couvrir pratiquement les besoins d'une année tout entière et éviter une quelconque rupture de stocks», a-t-il souligné. Belkhadem a aussi soulevé le problème des prix élevés de ce produit stratégique sur les marchés mondiaux (200 dollars la tonne). L'importation reste donc la seule alternative pour garantir l'approvisionnement en blé du marché algérien. L'Algérie produit, bon an mal an, entre 3 et 4 millions de tonnes de blé. Et la France reste encore et toujours le premier fournisseur de l'Algérie. Elle devrait lui fournir en 2007 environ 2,7 millions de tonnes de blé sur des besoins d'importation estimés à 5 millions de tonnes et rester ainsi son premier fournisseur. «Avec ses 35 millions de tonnes de blé moissonnés en 2006, la France devrait maintenir sa position de premier fournisseur historique et régulier de l'Algérie en blé», a indiqué, mardi, à Alger, l'Association française des exportateurs de céréales (France Export Céréales). Selon elle, l'Algérie importera de France, durant la campagne 2006-2007, près de 2 millions de tonnes de blé tendre et 700 000 tonnes de blé dur, ce qui représente respectivement les 2/3 de ses achats de blé tendre et le tiers de ses achats de blé dur. France Export Céréales est présente en Algérie depuis 1997. Avec cette dépendance en matière alimentaire, il est donc légitime de poser deux questions. A quand une autosuffisance alimentaire ? Et pourquoi les parties concernées tardent à mettre une stratégie performante en matière de réformes agraires surtout en ce qui concerne les céréales qui sont un bon indicateur du niveau de développement économique d'un pays. Le moment est propice avec l'aisance financière de l'Algérie. Le monde bouge et donne des exemples. Dans d'autres pays en voie de développement, des programmes et des plans de relance et de réformes agraires sont engagés et ont eu des résultats très satisfaisants. En Arabie saoudite par exemple, où le sol n'est guère adapté à la culture, cette monarchie a réalisé son autosuffisance en blé et en exporte un peu partout dans le monde. Même constat chez nos voisins, le Maroc et la Tunisie. Chez nous, le plan de relance économique a été presque abandonné et les meilleurs terrains à vocation agricole sont sacrifiés pour autre chose. L'Etat n'arrive même pas à récupérer les terrains à vocation agricole et la céréaliculture reste toujours une activité secondaire et se fait toujours de manière traditionnelle. Tout le monde a en mémoire les champs de blé et d'orge qui s'étendaient à perte de vue sur les Hauts-Plateaux. Il n'en est rien aujourd'hui. C'est vrai que le climat n'est pas souvent clément, mais si on ne pense pas, dès aujourd'hui, à d'autres ressources d'eau (barrages, forages, etc. ), les risques seront majeurs dans les années à venir avec les changements climatiques et la sécheresse qui menacent plusieurs parties du Globe et notre pays n'est pas épargné. Le Chef du gouvernement qui avait évoqué récemment la bonne santé financière de l'Algérie avait raison quand il disait que «le Fonds de régulation atteint 3 100 milliards de dinars et que l'objectif de ce fonds est d'assurer l'avenir des générations futures ...» Nos responsables savent-ils donc que cet avenir passe d'abord par une autosuffisance alimentaire ?