Résumé de la 1re partie n Le corps de l'écrivain Ethel Lambston est dans le coffre de la voiture ; l'assassin roule, à la recherche d'un endroit discret où l'abandonner dans la neige. En vie, Ethel était une fausse maigre. Mais tout en soulevant le corps dans son linceul de plastique, il se dit que ses coûteux vêtements dissimulaient en réalité une silhouette bien charpentée. Il essaya de soulever le sac sur son épaule mais, perverse dans la mort comme dans la vie, Ethel était déjà en proie à la rigidité cadavérique. Son corps refusait de prendre une forme maniable. Finalement, le portant et le traînant à moitié, il amena le sac jusqu'au pied de la butte, puis une décharge d'adrénaline lui donna la force de le hisser sur la pente jusqu'à l'endroit choisi. Sa première intention avait été de la laisser dans le sac. Mais à la dernière minute, il changea d'avis. Ils devenaient vraiment trop forts dans les instituts médico-légaux. Ils dénichaient des indices sur n'importe quoi, des fibres provenant de vêtements ou de tapis, des cheveux ou même des poils qu'aucun œil ne pouvait remarquer. Ignorant le froid, les bourrasques de vent qui lui cinglaient le front, les flocons de neige qui transformaient ses joues et son menton en un bloc de glace, il plaça le sac au-dessus de la cavité et commença à le déchirer. Le plastique résista. Double épaisseur, pensa-t-il amèrement, se souvenant des slogans publicitaires. Il tira dessus avec fureur et fit une grimace quand l'ouverture céda, laissant apparaître le corps d'Ethel. Le tailleur de lainage blanc était taché de sang. Le col de son chemisier rentrait dans le trou béant de sa gorge. Un œil était entrouvert. Dans l'aube naissante, le regard semblait moins aveugle que méditatif. La bouche, qui n'avait jamais connu de repos du vivant d'Ethel, faisait la moue comme si elle s'apprêtait à prononcer une de ses interminables phrases. La dernière qu'elle avait proférée avait été une erreur fatale de sa part, se dit-il avec une sombre satisfaction. Même avec des gants, la toucher lui fit horreur. Elle était morte depuis près de quatorze heures. Il lui sembla qu'une odeur imperceptible, douceâtre, s'échappait du corps. Avec un dégoût subit, il poussa le cadavre dans l'ouverture et commença à entasser des pierres par-dessus. Le trou était plus profond qu'il ne l'avait cru et les pierres tombèrent exactement à l'endroit voulu au-dessus du corps d'Ethel. Un éventuel grimpeur ne les délogerait pas. Il en avait terminé. Les rafales de neige avaient déjà recouvert les marques de ses pas. Dix minutes après son départ, toute trace de sa présence ou de celle de la voiture aurait disparu. Il froissa la housse de plastique, en fit une boule et pressa le pas vers sa voiture. Il avait une hâte féroce de partir à présent, de s'éloigner du risque d'être découvert. A l'orée du parking, il attendit. Les mêmes voitures étaient à leur place. Il n'y avait aucune trace récente. Cinq minutes plus tard, il roulait sur l'autoroute, le sac déchiré et ensanglanté, le linceul d'Ethel, tassé sous la roue de secours. Désormais, il y avait tout l'espace suffisant pour les valises d'Ethel, son fourre-tout et son sac à main. (à suivre...)