Résumé de la 2e partie n L'assassin abandonne le corps d'Ethel Lambstone dans un endroit discret et isolé. Mais quel est le mobile du crime ? La chaussée était verglacée, les banlieusards commençaient à affluer, mais il serait de retour à New York dans quelques heures, de retour au royaume de la raison et de la réalité. Il s'arrêta une dernière fois, près de l'autoroute, au bord d'un lac dont il avait gardé le souvenir, aujourd'hui trop pollué pour la pêche. L'endroit idéal pour se débarrasser du sac et des bagages d'Ethel. Ils pesaient lourd. Le lac était profond et il savait qu'ils couleraient, se mêlant à la multitude d'ordures qui croupissaient au fond. On venait même y jeter de vieilles voitures. Il lança les affaires d'Ethel aussi loin qu'il le put et les regarda s'enfoncer sous la surface noirâtre de l'eau. Il lui restait une seule chose à faire maintenant : se débarrasser du plastique déchiré et taché de sang. Il décida de s'arrêter devant une poubelle à la sortie de l'autoroute du West Side. Il serait perdu dans la montagne d'ordures destinées à être ramassées demain matin. Revenir en ville lui prit trois heures. La conduite devenait plus difficile et il s'efforça de rester à distance des autres voitures. Mieux valait ne pas heurter un pare-chocs. Dans des mois, personne n'aurait aucune raison de savoir qu'il était sorti de la ville aujourd'hui. Tout se déroula comme prévu. Il s'arrêta une seconde Neuvième Rue et se débarrassa du sac de plastique. A huit heures, il rendait la voiture à la station-service de la Dixième Rue qui louait de vieilles bagnoles au noir. En liquide uniquement. Pas de comptabilité. Dix heures, il était chez lui, douché et changé, et avalait un bourbon sec, luttant contre les frissons soudains qui annonçaient la crise de nerfs. Il revit en esprit chaque instant des heures qui s'étaient écoulées depuis le moment où il avait pénétré dans l'appartement d'Ethel, la veille au soir, et écouté ses sarcasmes, ses railleries, ses menaces. Puis elle avait compris. Le poignard ancien qu'il avait pris sur son bureau. Son visage s'était empreint de frayeur, et elle avait lentement reculé. L'ivresse de lui trancher la gorge, de la regarder tituber en arrière, à travers le seuil de la cuisine, s'effondrer sur le sol carrelé. Il était encore étonné du calme qu'il avait montré. Il avait verrouillé la porte afin que, mus par un malheureux hasard, le gardien ou un ami muni d'une clé ne puissent entrer. Tout le monde connaissait le caractère excentrique d'Ethel. Si quelqu'un s'apercevait que la porte était fermée de l'intérieur, il présumerait qu'Ethel ne voulait pas se donner la peine d'ouvrir. Il s'était ensuite déshabillé, ne gardant que ses sous-vêtements, et avait enfilé des gants. Ethel avait l'intention de s'éloigner de New York pour écrire un livre. S'il parvenait à la transporter hors de chez elle, les gens croiraient qu'elle était partie de sa propre initiative. Personne ne se préoccuperait d'elle pendant des semaines, des mois même. Maintenant, tout en avalant une gorgée de bourbon, il revoyait la façon dont il avait choisi les vêtements dans sa penderie, dont il lui avait ôté sa robe d'intérieur ensanglantée, enfilé des collants, introduit les bras dans le chemisier et la veste, boutonné sa jupe, ôté ses bijoux, rentré de force les pieds dans des escarpins. (à suivre...)