Traditions n Les connaisseurs soulignent que la vente de champignons imbibés d'eau pour augmenter leur poids compromet leur saveur et leur qualité. Durant ces journées d'automne, des amateurs de la région de Khenchela vont à la cueillette aux champignons, qui pour la consommation domestique, qui pour la vente, comme en témoignent les nombreux jeunes qui proposent ce produit sur le bas-coté des routes et aux portes des marchés. Il est habituel de voir des familles entières, hommes, femmes et enfants, sortir par beau temps, aux mois d'octobre et de novembre, à la cueillette des champignons, tout en profitant de la douceur du climat et de la nature. D'autres promeneurs ne sortent que pour ramasser la plus grande quantité possible de champignons, dans le but de les vendre et ainsi amasser une somme non négligeable. Le kilogramme de champignon, imbibé d'eau le plus souvent, est vendu 100 DA et trouve facilement preneur. Le champignon est apprécié pour, notamment, les fibres qu'il contient, les sels minéraux, les protéines et la vitamine B. Selon plusieurs amateurs et vendeurs, le champignon vénéneux pousse plutôt sur les sols ingrats, en montagne et il est reconnu à son aspect et à son odeur. D'autres cueilleurs reconnaissent le champignon vénéneux à son chapeau particulier. Nourredine prétend même qu'il connaît une méthode infaillible pour s'assurer qu'un champignon n'est pas vénéneux : il le trempe dans de l'eau chaude avec un bijou en argent, si l'argent déteint, le champignon est «suspect», selon ses dires. De nombreux consommateurs achètent de plus en plus de champignons d'importation en conserve ou même de culture locale, vendus dans certains magasins et méconnus il y a seulement quelques années. Cependant, devant l'ampleur que prend cet engouement pour le champignon, des spécialistes des questions de l'environnement et de l'écologie «s'inquiètent» des risques de disparition de cette espèce, menacée par l'arrachage à grande échelle, responsable également des menaces contre d'autres espèces animales. De nombreux amateurs ignorent les précautions d'arrachage, notamment l'utilisation d'un couteau pour épargner les racines et assurer ainsi la repousse de la plante à la saison prochaine, déplore-t-on. La valeur nutritive du champignon est reconnue et certains malades le recherchent dès les premières pluies pour ses qualités digestives. Certaines espèces de grosse taille qui, selon la tradition, à tort ou a raison, poussent après un orage, sont appelées «plantes de l'orage».