Traces n Le Centre culturel français d'Alger abrite une exposition de l'artiste. L'exposition comprend des tableaux réalisés à l'encre sur papier. Ils représentent d'étranges dessins, à savoir ce qui apparaît sur la surface d'une bille de bois lorsque celle-ci est tronçonnée. «L'élément bois détient une information à mon sens primordiale», dit l'artiste, ajoutant que «le tronc d'arbre a des strates et grandit par couches» ; chacune, selon lui, a une mémoire, raconte une histoire. Ainsi la société, semblable à un tronc d'arbre, fonctionne sur ce même modèle, elle comprend un ensemble de couches ; et chaque strate renvoie à une époque historique et témoigne d'un référent culturel. Ainsi peut se lire en effet la mémoire culturelle d'une société, comme la nôtre, et cela telle «l'étude transversale d'un arbre». Outre les tableaux, l'exposition de Yazid Oulab comprend des projections vidéo, un mode d'expression auquel l'artiste a recours pour filmer ses perceptions et sa vision du réel à travers le langage artistique. Il est question, dans l'une, de «percussions graphiques». Il nous est montré une main tenant un crayon qui martèle l'espace à intervalles réguliers. Un son rythmé, une mélopée se répercute sur la surface vierge du papier, elle se fait entendre comme une incantation sacrée ; de coup en coup, le geste de la main dans la répétition continue et, inlassable, le trait emplit l'espace blanc jusqu'à l'entacher, le rendre obscur, opaque. Il le transperce, provoquant ainsi une fêlure ; et à mesure que la cadence s'accélère, s'affole, la faille s'agrandit. Elle devient béante. Le geste crève la nuit pour ouvrir sur une nouvelle clarté, une lumière renouvelée. Rythme est un autre thème que l'artiste développe par la vidéo. Yazid Oulab apparaît de dos dans l'image. Face à un papier-écran, il monte et redescend en inscrivant sur le «tableau géant» le nom d'Allah. Ainsi, ici, dans cette vidéo, ce n'est pas la main qui agit, mais le corps tout entier qui s'engage dans le jeu de l'expression, c'est-à-dire de l'écriture. De droite à gauche, de bas en haut, l'artiste, d'un geste mesuré, inscrit, en larges bandes d'encre, le nom du Divin. Une autre projection vient compléter l'exposition, montrant un jeu de fumée. Ce sont des fumées d'encens qui s'élèvent dans l'espace et qui, ensuite, se dissolvent en volutes. «Le jeu de la fumée, dit l'artiste, évoque le geste à la craie blanche qu'effectue le mathématicien qui cherche le sens et la résolution de l'équation sur l'étendue noire du tableau…»