Résumé de la 4e partie n L'assassin a pris soin d'effacer toute trace de sang dans l'appartement. Il veut faire croire qu'Ethel est morte ailleurs. En avalant la dernière gorgée de bourbon, il se rendit compte qu'il avait commis une seule et fatale erreur, et il sut qui s'en apercevrait inévitablement. Neeve Kearny. La radio se mit en marche à six heures trente. Neeve tendit la main droite, cherchant à tâtons le bouton pour régler la voix obstinément joyeuse du speaker et l'arrêta au moment où le sens de ses paroles pénétrait sa conscience. Vingt centimètres de neige étaient tombés en ville au cours de la nuit. S'abstenir de rouler, à moins de nécessité absolue. Stationnement alternatif suspendu. Annonce imminente de la fermeture des écoles. La météo prévoyait que la neige ne cesserait pas de tomber avant la fin de l'après-midi. «La barbe», ragea Neeve en se renversant sur ses oreillers, remontant l'édredon jusqu'à son nez. Elle détestait manquer son jogging matinal. Puis elle fit une grimace au souvenir des retouches qu'il fallait impérativement terminer aujourd'hui. Deux des retoucheuses habitaient dans le New Jersey et ne pourraient pas venir. Cela signifiait qu'elle ferait mieux de se rendre le plus tôt possible à la boutique et voir comment jongler avec l'emploi du temps de Betty, la seule autre retoucheuse. Betty habitait Quatre-vingt-deuxième Rue et Seconde Avenue et parcourait à pied les quatre blocs qui la séparaient de la boutique, quel que soit le temps. Quittant à contrecœur la chaleur douillette de son lit, Neeve rejeta les couvertures, traversa rapidement la pièce et prit dans la penderie la vieille robe de chambre en tissu éponge que Myles s'obstinait à qualifier de relique des Croisades. «Si une seule des femmes qui dépensent des fortunes pour s'habiller chez toi pouvait te voir dans ces haillons, elle courrait acheter ses robes chez Klein. — Klein a fermé il y a vingt ans ! Et de toute façon, si mes clientes me voyaient dans ces haillons, elles penseraient que je suis une originale, lui avait-elle rétorqué. ?a renforcerait la magie.» Elle serra la ceinture autour de sa taille, éprouvant l'habituel et fugace regret de ne pas avoir hérité de la minceur exquise de sa mère au lieu de la silhouette élancée aux épaules carrées de ses ancêtres celtes, puis elle brossa en arrière ses cheveux noirs et bouclés, marque de famille des Rossetti. Elle avait aussi les yeux des Rossetti, de grands yeux interrogateurs sous l'arc parfait des sourcils, étincelants avec leur iris ambré bordé d'un cercle plus foncé. Mais sa peau avait la blancheur de lait des Celtes, éclaboussée de taches de rousseur de part et d'autre de son nez droit. La bouche généreuse et les dents bien plantées étaient celles de Myles Kearny. Il y a six ans, lorsqu'elle était sortie diplômée de l'université et avait convaincu Myles qu'elle ne voulait pas quitter l'appartement, il avait insisté pour qu'elle redécore sa chambre. A force de hanter les ventes de Sotheby's et de Christie's, elle avait fini par rassembler un mobilier éclectique composé d'un lit de cuivre, d'une armoire ancienne et d'un coffre indien, d'une méridienne victorienne et d'un tapis persan ancien multicolore. (à suivre...)