Résumé de 79e partie n Ruth met son plan à exécution, elle reprend le chèque de la pension et met en garde Doug contre les méfaits d'Ethel. Elle partit. Les lèvres couleur de cendre, Doug se laissa tomber sur le canapé. A qui d'autre Ethel, avec sa grande gueule, avait-elle raconté qu'il prenait sa part sur le fric de la pension ? En se retrouvant sur le trottoir, Ruth fut interpellée par une femme qui se tenait sous le porche de l'immeuble. La quarantaine, des cheveux blonds savamment ébouriffés, vêtue d'un pull-over et d'un pantalon moulant dernier cri, son visage trahissait une curiosité sans retenue. «Pardonnez-moi de vous importuner, dit la femme, mais je suis Georgette Wells, la voisine d'Ethel, et je m'inquiète à son sujet.» Une adolescente maigrichonne ouvrit la porte de l'immeuble, descendit bruyamment les marches et se tint à côté de ladite Wells. Ses yeux perçants dévisagèrent Ruth, enregistrant le fait qu'elle se tenait devant l'appartement d'Ethel. «Vous êtes une amie de Mme Lambston ?» demanda-t-elle. Ruth sut tout de suite qu'il s'agissait de la gamine qui s'était moquée de Seamus. Un profond mépris se mêla à l'effroi soudain qui lui glaça le cœur. Pourquoi cette femme s'inquiétait-elle pour Ethel ? Elle revit la rage meurtrière sur le visage de Seamus pendant qu'il racontait la façon dont Ethel lui avait fourré le billet de cent dollars dans la poche. Elle revit l'appartement ordonné qu'elle venait de quitter. Combien de fois Seamus lui avait-il raconté qu'il suffisait à Ethel de pénétrer dans une pièce pour donner l'impression qu'une bombe y avait explosé ? Ethel n'avait pas été chez elle récemment. «Oui, dit-elle, s'efforçant de prendre un ton aimable. Je suis étonnée qu'Ethel ne soit pas là, mais pourquoi s'en inquiéter ? — Dana, va à l'école, ordonna sa mère. Tu vas encore être en retard.» Dana fit la moue. «Je veux écouter. — Bon, bon, fit impatiemment Georgette Wells, et elle se tourna à nouveau vers Ruth. Il se passe quelque chose de bizarre. La semaine dernière, Ethel a reçu une visite de son ex. Généralement il ne vient que le cinq du mois s'il n'a pas posté la pension alimentaire. Si bien qu'en le voyant rôder dans les parages jeudi après-midi, j'ai trouvé ça curieux. On était seulement le trente, pourquoi venait-il la payer en avance ? Eh bien, laissez-moi vous dire qu'ils ont eu une sacrée dispute ! Je pouvais les entendre s'invectiver comme si je me trouvais dans la pièce.» Ruth parvint à empêcher sa voix de trembler. «Que disaient-ils ? — Eh bien, en fait, j'entendais surtout des cris. Je ne comprenais pas vraiment ce qu'ils disaient. J'ai voulu descendre au cas où Ethel aurait des ennuis...» Non, tu voulais en entendre davantage, pensa Ruth. «... mais mon téléphone a sonné et c'était ma mère qui appelait de Cleveland à propos du divorce de ma sœur, et ça a pris une heure avant qu'elle ne reprenne son souffle. A ce moment-là, l'engueulade était terminée. J'ai téléphoné à Ethel. Elle est marrante quand elle parle de son ex. Ça vaut le coup de l'entendre l'imiter, vous savez. Mais elle n'a pas répondu, alors j'ai pensé qu'elle était sortie. Vous connaissez Ethel - toujours en train de courir. Mais elle me prévient généralement si elle compte s'absenter pour plus de deux jours, et elle n'a pas dit un mot. Maintenant son neveu s'est installé chez elle, et ça aussi, ce n'est pas catholique.» Georgette croisa les bras. (à suivre...)