Résumé de la 11e partie n La timsensit — celle qui dialogue avec les morts — est arrivée chez Aldjia ; elle est prête pour la séance d'asensi. Plus personne n'ose parler, chacun regarde la timsensit, épiant le moindre de ses gestes, tendant l'oreille pour entendre ce qu'elle va dire. Elle prend une cuiller et la plonge dans la bouillie, puis lentement, elle la porte à la bouche et l'avale. «Salah...», lance-t-elle. Elle se tourne vers Aldjia, comme pour lui demander quelque chose, puis elle rappelle : «Salah, fils de Aldjia !» Elle se raidit aussitôt, comme si elle ressentait une douleur. Son visage devient pâle, elle se met à bâiller et à éructer. Ses mains tremblent, elle gémit puis murmure, comme si elle se parlait à elle-même : «Il arrive !» Rahima pousse un petit cri et se serre contre sa belle-mère devant laquelle elle est assise. Omar fronce les sourcils comme pour dire qu'il ne croit pas à ce que la voyante dit. «Il arrive et il est tout triste.» La timsensit, les yeux fermés, continue : «Il s'adresse à sa mère. — Je suis là, dit Aldjia, en tremblant. — Il te parle...» Brusquement la voix change de timbre : ce n'est plus la voix de la timsensit mais une voix d'homme. Plus tard, les témoins qui le connaissent diront qu'elle ressemble beaucoup à celle du défunt Salah. «Mère... — Mon petit, gémit Aldjia. — Pourquoi pleures-tu sans arrêt ? — Je ne peux m'empêcher de penser à toi ! — Tes larmes et celles des autres pénètrent dans ma tombe et m'inondent constamment... Il ne faut plus pleurer et accepter la volonté de Dieu ! — Nous l'acceptons, mon fils !» La voyante s'arrête un moment, comme pour se reposer d'un effort trop grand. «Père, père, toi aussi tu es malheureux, mais tu te retiens.» Slimane pousse un sanglot. «A moi aussi, tu manques beaucoup, tu étais le pilier de la maison, je comptais tout le temps sur toi ! — Toi aussi, continue la voix, tu dois te faire une raison et accepter le Décret de Dieu Très-Haut ! — Je l'accepte, dit Slimane. Que Dieu t'introduise dans Son Paradis et te donne ce que tu n'as pas eu dans ce monde !» Nouvel arrêt de la voyante... (à suivre...)