Résumé de la 2e partie n Le jeune berger se souvient des rites qui ponctuaient son quotidien. Il a l'espoir d'épouser Tazarnat, son amour de jeunesse. J'avais gardé pour Tazarnat deux dromadaires, un blanc et un gris, d'un gris semblable à l'argent. Ils sont morts tous les deux. Mon espoir d'épouser Tazarnat s'enterre avec eux. Je suis allé voir la femme qui fait parler les causis. Elle a jeté les coquillages dans le sable et elle a dit que Tazarnat m'attendait. «Où ? ai-je crié, où ? – Dans un campement, le sien sans doute. Une vieille femme est auprès d'elle.» J'ai cherché Tazarnat jusqu'au lazaret de Niamey, mais le campement n'existait plus. Je n'ai rencontré aucun de ses parents. On m'a dit que pour sauver sa famille de la faim, elle avait épousé un militaire. On m'a dit aussi qu'elle était très malade. On m'a dit qu'elle mourait d'être séparée de moi. Je ne croyais rien de ce qu'on m'a dit. Où es-tu Tazarnat ? Qu'as-tu fait de ta liberté ? Ne sais-tu pas que la maison est le tombeau des vivants ? Je suis arrivé à Agdès, capitale d'une confrérie targuie, centre caravanier sur la route transsaharienne, lieu d'artisanat où se façonne notre fameuse croix, la croix du Sud. Elle a, dit-on, un pouvoir de magie et de guérison. Moi le berger, j'ai trouvé à Agdès des mines où je peux travailler. C'en est fini de nos espaces sans limites. Je rêverai toujours de Tazarnat. Je travaillerai jusqu'à épuisement pour le bonheur de la revoir un jour. Je travaillerai pour acheter des animaux et je repartirai. On me répète : «La patience est la clé du temps.» Je réponds d'une sourate : «Dieu a créé des pays pleins d'eau et des déserts pour que les hommes y trouvent leur âme.»(1) Moi, suivant la loi des gens de ma race, j'ai pour chemin tous les chemins et je n'y bois jamais plus d'eau à la fois que la commune mesure contenue dans le creux de ma main : «Annonce-leur que l'eau doit être partagée entre eux et la chamelle et qu'il appartient à chacun de boire à son tour.»(2) (1) Sourate du Coran, citée de mémoire (2) Le Coran. Sourate de la Lune (54, verset 28)