Le ministre des Finances a révélé un aspect quelque peu inédit des dépenses consacrées à la lutte contre la pauvreté et la précarité. Selon lui, l'Etat dépense annuellement 5 millions de centimes pour l'Algérien qui vit en dessous du seuil de pauvreté. Son recours systématique aux statistiques et aux comparaisons a fait réagir les journalistes présents lors des débats sur la loi de finances. Personne ne peut croire que l'Algérie s'est débarrassée de la pauvreté, malgré les explications et les arguments avancés à chaque fois par le ministre des Finances et celui de la Solidarité nationale et de l'Emploi. Ce dernier aurait indiqué récemment qu'il y a seulement 137 000 pauvres en Algérie. Se basant sur les critères de l'Organisation internationale du travail (OIT) et de la Banque mondiale, le ministre crie haut et fort que «personne ne crève de faim» estimant que les enquêtes internationales fournies à cet égard sont justes et infaillibles. «Ce sont des chiffres validés par l'OIT et la Banque mondiale». De plus, il y aurait seulement 176 communes pauvres en Algérie et le nombre des démunis se rétrécit comme peau de chagrin. Pourtant, le paradoxe apparaît clairement dans la loi de finances 2007 où le budget social de l'Etat s'est vu diminuer malgré les appels incessants des députés qui demandaient à l'Exécutif à réserver un fonds spécial pour les démunis et les pauvres. Mais que faire des chiffres torrentiels qui s'abattent continuellement pour donner raison au gouvernement dans sa politique sociale ? Si les uns sont plutôt optimistes, les autres tirent la sonnette d'alarme sur «une situation sociale explosive». «Il ne suffit pas d'augmenter les salaires et les pensions de retraite pour se déclarer satisfait», estime un député, excédé par les dérobades des représentants du gouvernement. L'argentier du pays a, lui-même, trébuché devant les parlementaires en insistant sur «le recul considérable de la pauvreté et les emplois créés pour les Algériens». L'hémicycle était ahuri et conspuait le discours «mielleux» du ministre des Finances. Visiblement, personne n'est satisfait des prestations des ministres qui viennent exposer leurs programmes et leurs «bons résultats» dans un hémicycle presque vide.