InfoSoir : La transmission du virus par voie hétérosexuelle est devenue le principal vecteur de cette épidémie, pourquoi ? ll Docteur Dif : Il est important de souligner, d'abord, qu'il n'y a aucun texte réglementaire concernant le travail du sexe en Algérie, hormis celui de 1945 instituant les maisons closes et réglementant la surveillance médicale. Avec la fermeture de ces maisons, le travail du sexe est devenu invisible et, du coup, incontrôlable et revêt différentes formes. Il devient, ainsi, le risque majeur. Autrement dit : c'est un commerce florissant très dangereux pour la santé publique. Car derrière la prostitution, il y a la misère, le chômage, la violence poussant de nombreuses femmes, toutes catégories sociales confondues, à s'y adonner. Plus de 15% ont un niveau universitaire. A combien estime-t-on, aujourd'hui, le nombre de prostituées atteintes du sida ou déclarées séropositives ? Quelle est la tranche d'âge la plus touchée ? ll Pour évaluer cette catégorie, il faut qu'elles reconnaissent le fait qu'elles se prostituent et se fassent dépister. Or il est difficile de les convaincre de le faire, et encore moins d'arrêter. La plupart d'entre elles sont âgées entre 20 et 45 ans. Après une fugue, un divorce, un viol, elles sont tombées dans la prostitution. Le manque de centres de dépistage ne serait-il pas une des raisons de cet état de fait ? ll Il existe six centres de dépistage à travers le territoire national et le ministère compte ouvrir, très prochainement, un centre dans chaque wilaya. Dans le centre de dépistage d'El-Kettar, nous recevons, quotidiennement, environ 15 personnes venant de leur plein gré se faire dépister. Quelles sont les actions concrètes menées par le Comité national de lutte contre les VIH/sida ? ll Le comité offre une prise en charge thérapeutique aux sidéens et aux séropositifs. Le deuxième volet concerne l'information et la communication pour inciter les gens à se protéger et à se faire dépister. Les patients atteints par le VIH souffrent de troubles psychologiques de nature et d'importance variées. Quels problèmes pose leur prise en charge ? ll L'environnement social reste très hostile à cette catégorie. La prise en charge psychologique et sociale laisse à désirer. (*) Président du Comité national de lutte contre les maladies sexuellement transmissibles VIH/sida.