InfoSoir : Existe-t-il une solution contre la contrefaçon ? ll Mokrane Nouad : Il faudra d'abord insister sur la formation d'équipes spécialisées associant les services des douanes, développer un travail d'information d'envergure à l'intention du consommateur, réaliser le maximum de laboratoires nationaux d'essais pour analyser les produits industriels afin de s'assurer de leur conformité aux normes et standards internationaux. En parallèle, il faut s'attaquer au marché informel, vecteur essentiel de ces produits. Il faut également sévir plus en aggravant les peines à l'égard des coupables. Les détenteurs de brevets et de marques doivent également se constituer en associations pour se défendre contre la contrefaçon. Combien perd l'Algérie annuellement à cause de ce phénomène ? ll Le phénomène fait perdre à notre pays près de 30 milliards de dinars (330 millions d'euros) chaque année. La contrefaçon touche tous les secteurs de la consommation : 50% des pièces détachées des véhicules sont contrefaites, 60% des cigarettes, 40% des cosmétiques, 30% des chaussures et des vêtements, 12% de l'électroménager... D'où proviennent les produits contrefaits ? ll 70% des marchandises contrefaites proviennent des pays asiatiques. Les pays où ces marchandises sont contrefaites et introduites en Algérie en 2007 sont les Emirats arabes unis (39,29%), la Chine (33,15%), la Turquie (10%) et la France (7,14%). La contrefaçon prolifère également en Algérie. Selon le ministère du Commerce, l'Algérie est devenue un véritable producteur de «faux produits», au point que près de 40% de la production locale est contrefaite. Y a-t-il une défaillance du système de contrôle douanier ? ll Le système de contrôle des douanes n'est pas habilité à reconnaître seul les produits contrefaits. Chaque ministère est représenté au niveau des ports et aéroports avec des structures. Il faudra également que les détenteurs de marques se défendent en signalant tout produit contrefait à leur détriment. A cet effet, il y a lieu de renforcer les accords en matière de lutte contre la contrefaçon et le commerce illicite avec les propriétaires des marques. Les termes de ces accords doivent porter sur des actions de coopération et sur une formation dispensée par les propriétaires de marques au profit des douaniers algériens afin de leur donner les capacités techniques leur permettant de distinguer entre les authentiques produits fabriqués par ces sociétés et ceux contrefaits. *Docteur en développement des filières