Résumé de la 2e partie n La vache est finalement vendue à un boucher, qui s'empresse de l'égorger. Le père récupère les pis, qu'il dépose sur la tombe de sa première femme. Les enfants s'y nourrissent. La fille de la marâtre épia les mouvements des deux enfants et fut ainsi conduite jusqu'au cimetière où elle les vit, suçant les pis de la vache avec délices. Elle se cacha et, après leur départ, s'empara des pis pour les sucer à son tour, mais ce ne fut que sang mêlé de pus qui coula dans sa bouche. Ecœurée jusqu'à la nausée, elle rentra à la maison en pleurant et raconta tout à sa mère. Ecumant de rage, celle-ci courut au cimetière. Elle prit les pis et les jeta aux chiens. Ensuite, elle appela son époux et le mit en demeure de bannir de la maison les deux malheureux enfants. «Mais comment faire ? dit l'homme désespéré. Ils ne voudront jamais quitter la maison de leur mère. — Emmène-les dans la forêt et abandonne-les. Je ne veux plus les voir ici», répondit la femme, intraitable. L'homme exécuta l'ordre, mais, comme il avait eu soin de jalonner d'indices le chemin, les deux enfants, après leur abandon dans la forêt, n'eurent aucun mal à revenir seuls à la maison. En les revoyant, la marâtre entra dans une terrible colère et les battit. Puis, prenant son mari et sa fille à part, elle leur dit : «Puisque nous n'arrivons pas à nous débarrasser d'eux, c'est nous qui partirons de cette maison, et pas plus tard que cette nuit. Nous attendrons qu'ils soient endormis. Préparons déjà nos affaires.» Et dans la nuit, dès que les deux malheureux enfants sombrèrent dans le sommeil, la marâtre quitta la maison en compagnie de son mari et de sa fille. Pour plus de sûreté, elle laissa derrière elle une galette empoisonnée. A leur réveil, en se retrouvant seuls, les deux orphelins versèrent d'abondantes larmes. Puis le garçon eut faim et voulut manger de la galette laissée par la marâtre. Sa sœur, qui était plus âgée que lui et plus avisée, l'en dissuada : «Retiens-toi, fils de ma mère. La femme de père ne nous a jamais aimés ; sa galette pourrait cacher du poison. Donnons-en d'abord un bout à la chatte pour voir.» lIs donnèrent un bout de galette à la chatte qui mourut sur le coup. Effrayés, ils quittèrent la maison et s'enfoncèrent dans la campagne sans savoir exactement où ils allaient. lIs marchèrent longtemps sous le soleil et finirent par avoir très soif. Enfin, ils rencontrèrent un berger qui leur indiqua une source où ils pourraient se désaltérer. «Mais, attention ! leur dit-il en guise d'avertissement. Gardez-vous bien de soupirer d'aise après avoir étanché votre soif ; car la source est enchantée, et toute personne qui soupire après avoir bu de son eau se verra instantanément transformée en gazelle.» Les deux orphelins atteignirent la source et burent modérément en surveillant leur souffle. lIs n'exhalèrent aucun soupir, mais, au moment de se remettre en marche, le garçon, qui avait encore soif, laissa volontairement tomber par terre un talisman hérité de sa mère qu'il portait sur lui. Il ne dit rien à sa sœur, mais lorsqu'ils furent assez loin de la source, il s'écria soudainement en se tenant la tête : «Mon Dieu, quel sacrilège ! J'ai oublié le talisman de notre mère près de la source. Je l'ai ôté au moment de boire pour ne pas le mouiller. Attends ici, ma sœur ; je retourne tout de suite à la source pour le reprendre. — Vas-y, mon frère, mais ne touche pas à l'eau, sinon tu risques de t'oublier et de soupirer», lui dit sa sœur avec sagesse. (à suivre...)