Bouleversements Du temps de nos grands-parents, ramadan était synonyme de piété, d?entraide et de générosité. Les temps ont changé, les m?urs aussi. A l?heure où l?argent a supplanté toutes les valeurs, on est loin du recueillement, puisque le seul souci est de se remplir les poches et la panse. L?altruisme a disparu, le citoyen est livré, pieds et poings liés, aux commerçants et aux voleurs. Ces derniers prennent le relais des premiers, qui voient en cette période sacrée motif à s?enrichir. Le ramadan est une période particulièrement propice au vol, même si celui-ci caractérise aussi tous les autres mois de l?année, vu que les jeûneurs ne sont pas en mesure d?être attentifs. Léthargiques après une veillée prolongée, dépourvus d?énergie, ils ne voient pas venir ceux qui les délestent de leur bourse. Ils sont comme dans un état second lorsqu?ils se rendent dans les marchés pour faire leurs achats. Toute l?attention est dans l?odeur alléchante du pain, la couleur attirante des fruits et dans la brillance du miel enrobant les différentes gâteries. L?esprit n?est pas du tout à la vigilance. Comment pourrait-on l?être lorsqu?on a à peine dormi, que le petit-déjeuner est au placard pendant un mois et que le fameux café fait défaut et ce, sans parler de la cigarette ? On sent, on tâte, on prend. On ne lésine pas pour les besoins d?une table qu?on imagine déjà. D?ailleurs, on ne regarde pas à la dépense. On emprunte, on met les bijoux de l?épouse au clou. Ceux qui ont pour «métier» de prendre ce qui appartient aux autres savent tout cela. Ils guettent leur proie tout en sachant que la tâche est facile. Les quelques billets disparaissent comme par magie, la victime ne ressent rien. La douleur se fera sentir plus tard, lorsque le citoyen, soulagé de son argent, mettra la main dans la poche pour payer. Les couffins n?y échappent pas. Combien de ménagères, occupées à marchander ou à payer, n?ont pas retrouvé leur panier ? Le plus surprenant, c?est que des marchandises ou des articles peuvent disparaître d?un couffin alors que son propriétaire le tient à la main, comme c?est le cas de cet homme qui n?a pas vu «partir» le parapluie acheté pour sa fille. Il va sans dire que les arrêts de bus et les gares sont le fief des pickpockets qui ne rencontrent aucune résistance durant ce mois où les gestes et l?esprit sont dans un état d?engourdissement.