Au marché populaire de la Bastille, des bandes de pickpockets circulent avec des armes blanches qu?ils exhibent, apostrophant des ménagères en les menaçant : «La bourse ou la vie.» Des marchands subissent, eux aussi, la loi de l?omerta ou du silence. Selon les témoignages des habitants de la Bastille, des voleurs «spécialistes du ramadan» ont fait leur retour depuis une semaine, n?hésitant pas à entraîner dans leur sillage de jeunes oisifs qu?ils obligent à faire le guet dans les venelles du quartier de la Bastille. «Des jeunes dés?uvrés sont maintenant «engagés» par des adultes qui les poussent à commettre des vols ou des agressions sur des personnes faibles ou isolées», ont indiqué des commerçants du Derb, un quartier réputé chaud. Ici, les grossistes se font agresser quotidiennement, particulièrement durant le mois de ramadan. En 2002, les commerçants de Derb ont déclenché un mouvement de grève pour protester contre les agressions et l?insécurité régnante. Malgré un dispositif de sécurité important, les bandes de voleurs s?attaquent aux clients venus des wilayas de l?ouest et du sud du pays ; trois assassinats ont été perpétrés au cours du ramadan 2002 contre des acheteurs. Les malheureuses victimes ont été agressées tôt le matin, non loin des commerces encore fermés de Derb. «Les trois victimes étaient originaires de Tissemsilt. Elles étaient venues faire des achats en prévision de l?Aïd», se souvient B. N., grossiste dans ce quartier depuis 26 ans. «La psychose nous hante. Nous avons peur pour nos enfants et pour nos familles», s?alarment des pères de famille. En 2002, plus de 2 800 agressions ont été enregistrées pour le seul mois de ramadan et 7 crimes de sang ont été commis par des malfaiteurs, qui ont bénéficié de réductions de peine à l?occasion du 1er Novembre.