Propension n Les gens ont tendance, ces dernières années, à faire de plus en plus confiance aux psychologues et «à se confier à eux à cœur ouvert». Mais qu'est-ce qui pousse ces citoyens à confier leur détresse, leur misère, bref leur for intérieur à ces «toubibs de la parole» qui ne manipulent ni stéthoscope, ni abaisse-langue et ne rédigent pas à la va-vite l'inévitable ordonnance ? Constitués en association, dénommée Psyche, œuvrant pour la promotion de la santé mentale, des psychologues cliniciens et pédagogues, travaillant essentiellement dans des structures de jeunesse, avouent que leur mission est difficile. Dans les Centres d'information et d'animation de jeunesse (Ciaj), créés en 1991, des cellules d'écoute ont été mises en place. Comme leur nom l'indique, ces cellules sont à la disposition des citoyens qu'ils reçoivent régulièrement pour des consultations. L'intérêt pour ces cellules est allé crescendo, ces dernières années, après le retour au calme et à la paix dans le pays. Dans la wilaya de Jijel, qui a vécu, la dernière décennie, une situation sécuritaire très difficile résultant du terrorisme, les «psy» sont de plus en sollicités et prisés par la société. Pour preuve, les deux psychologues travaillant au Ciaj reçoivent chaque jour des consultants. Même les femmes et les enfants d'anciens terroristes, aujourd'hui repentis, sont aux premières loges pour confier ouvertement leur «personnalité» à ces «psy». Hommes, femmes, jeunes, moins jeunes, toutes tranches d'âges confondues, ces visiteurs, qui découvrent subitement les vertus d'un psychiatre au XXIe siècle, présentent divers problèmes : simple dépression, événement douloureux, échec scolaire, angoisse, violence domestique et autres. «Ce regain d'intérêt vis-à-vis des psychologues a été constaté depuis 1994, surtout en période de terrorisme», affirme une psychologue à Jijel. Le remède prodigué a un impact positif sur le terrain, affirme la même spécialiste, tout en notant que «le travail curatif marche normalement», pour peu que l'environnement suive. Du reste, la demande augmente de jour en jour et le nombre de patients des «psy» en fait foi. Pour ce qui est de la wilaya de Jijel, le nombre de psychologues est jugé insuffisant. On déplore ainsi le manque de ces spécialistes au niveau des structures sanitaires, dans les services d'hygiène scolaire, en milieu universitaire, au niveau des structures de la formation professionnelle ainsi que dans les services de Protection maternelle et infantile (PMI). Bref, de nombreux milieux ne sont pas couverts par ce genre de spécialistes qui, sous d'autres cieux, ont un taux d'encadrement et de couverture suffisant.