La récente augmentation des salaires ne semble pas avoir beaucoup changé la situation des travailleurs. La chute du pouvoir d'achat n'a, en effet, pas été stoppée. Partant de ce constat, chacun y va de sa proposition. Si experts et syndicalistes exigent la réévaluation du dinar qui pourrait améliorer les conditions de vie des salariés, les patrons, eux, estiment que la performance de l'entreprise est le seul gage de bons salaires et par là même d'un bon niveau de vie. Pour un équilibre des intérêts Et pour cause, la dégradation du pouvoir d'achat, continuelle ces dernières années, ne cesse d'affecter les salariés. L'augmentation des prix des produits de base alimentaires, des loyers et de l'électricité a pour conséquence l'ébranlement de la cohésion sociale et la déperdition du pouvoir d'achat. Les syndicalistes et les économistes estiment que les salaires accordés aux travailleurs et aux fonctionnaires, sont loin de motiver le secteur économique. Mais le problème est que la question des salaires semble être traitée d'une façon irréfléchie et conjoncturelle. L'Algérie a besoin d'une véritable politique des revenus qui doit fonder des critères basés sur la productivité des entreprises et des instruments de mesure qui renseignent sur les besoins des ménages et l'évolution de la consommation. L'absence de ces éléments maintient le flou sur les salaires des Algériens du moment que ni les experts ni les pouvoirs publics n'arrivent encore à cerner les objectifs de l'augmentation des revenus. Le compromis entre le patronat et la Centrale syndicale sur la revalorisation des salaires a été difficilement arraché du fait que chacun tentait de valider ses propres arguments. Pour le patronat, la préoccupation centrale reste la performance de l'entreprise qui est l'élément déterminant dans les salaires alors que l'Ugta estime que les salaires sont directement liés au pouvoir d'achat et à la valeur du dinar. Pour les tenants du syndicat, la réévaluation du dinar est le seul moyen de booster les salaires car la monnaie retrouverait alors sa valeur réelle par rapport à la consommation des biens et services. L'autre question qui continue de hanter les esprits est celle concernant le Salaire national minimum garanti (Snmg) qui ne traduit pas encore la réelle aspiration des travailleurs. Les pouvoirs publics, qui ont fixé ce seuil minimal à 12 000 DA, voient une victoire dans cette évolution tandis que certains politiques et syndicalistes estiment que le Snmg doit être porté à 25 000 DA. L'Ugta a, en effet, réalisé une enquête sur les ménages où l'une des conclusions souligne qu'une famille algérienne de 6 membres devait vivre décemment au minimum avec 25 500 DA. De l'autre côté, l'écart entre les salaires dans certaines branches est criant du fait que les secteurs de l'énergie et des services se taillent la part du lion dans la rémunération. D'autres secteurs tels ceux du bâtiment, de la construction, de l'agriculture… n'ont pas connu une véritable mue dans les conditions de fixation des salaires. L'autre préoccupation reste le passage brutal de la grille des salaires à la libéralisation des revenus. D'aucuns estiment qu'une trop grande liberté des entreprises nuit forcément aux équilibres sociaux. En revanche, une rigidité de la part de l'Etat qui doit être seul à fixer les conditions de rémunération est perçue comme un danger pour la performance économique et contraire à l'éthique de l'économie de marché. Dans cette affaire, syndicats et patronat s'efforcent d'aboutir à un compromis à même de garantir l'équilibre des intérêts des deux parties.