Reconnue comme seul interlocuteur social par le gouvernement, l'UGTA sera, comme dans le passé, le seul représentant des travailleurs lors de la prochaine tripartite qui devra fixer le niveau de cette revalorisation du SNMG. Sous pression, les ménages à revenus faibles peinent à boucler leurs fins de mois. La question de la revalorisation du salaire national minimum garanti (SNMG) est devenue d'actualité depuis son annonce par le chef de l'Etat, le 24 février dernier, à Arzew, à l'occasion de la célébration du double anniversaire de la création de l'UGTA et de la nationalisation des hydrocarbures. Plus de trois mois après cette annonce, le citoyen attend toujours de connaître de quel ordre sera cette revalorisation. La presse, en citant des sources à l'UGTA, a avancé, ces dernières semaines, deux chiffres : 15 000 et 18 000 DA. Cependant, officiellement, aucun seuil n'a été jusque-là avancé par l'UGTA. Le secrétaire national chargé de l'information, Abdelkader Malki, expliquait récemment qu'il serait difficile de le fixer dans la mesure où il est tributaire de nombreux paramètres, dont les exigences et les réserves du patronat. Pour la centrale syndicale, il s'agit de refaire le budget familial et de faire ressortir les conditions de travail pour améliorer l'environnement socioéconomique des salariés. Il convient de relever que c'est la troisième fois que l'UGTA établit un prototype d'un budget familial. Le premier a été effectué en 2003 et le deuxième deux ans après. L'étude faite en 2005 a fait ressortir qu'une famille type de sept personnes a besoin d'au moins 24 790,85 DA pour se nourrir un mois. Mais eu égard à l'érosion du pouvoir d'achat constaté ces deux dernières années, ce seuil devrait être plus conséquent. D'ailleurs, selon des informations, publiées il y a quelques mois dans le quotidien arabophone Sawt-Al Ahrar, une nouvelle étude portant sur les dépenses d'une famille composée de cinq personnes envisagerait un budget familial de 53 000 DA. La publication de cette étude a été, pour ainsi dire, compromise. En effet, au niveau de la centrale syndicale, on se dit réaliste en prenant en considération l'intérêt du pays et sa situation économique. Manière de noter que les incidences de la crise financière et économique internationale sur l'Algérie sont prises en compte. Même si, officiellement, l'UGTA se défend d'avoir déjà fixé un seuil au SNMG qu'elle défendra lors de la tripartite, des experts de l'organisation se sont penchés sur les conséquences de cette augmentation suivant plusieurs propositions. Et les plus plausibles consistent à l'élévation du SNMG entre 15 000 et 18 000 DA. Mais c'est la première proposition qui semble retenir l'attention et qui arrange aussi bien le patronat que l'UGTA puisqu'une augmentation de 18 000 DA ou plus risque de buter sur, d'un côté, le patronat et, de l'autre, les impératifs du gouvernement qui, selon le ministre des Finances, Karim Djoudi, avant de définir le seuil du salaire national minimum garanti, il faut d'abord étudier les conséquences sur les entreprises nationales et sur le budget de l'Etat. Il était ainsi question d'une réunion préparatoire de la tripartite qui devait regrouper des représentants du gouvernement, de l'UGTA et du patronat, avec à l'ordre du jour la fixation du nouveau seuil du SNMG qui sera abordée lors de la prochaine tripartite, annoncée pour le deuxième semestre de cette année. Reconnue comme seul interlocuteur social par le gouvernement, l'UGTA sera, comme dans le passé, le seul représentant des travailleurs lors de la prochaine tripartite qui devra fixer le niveau de cette revalorisation du SNMG. Pourtant, cette question des salaires, qui de tout temps a embrasé le front social, a toujours été la panache des syndicats autonomes. D'ailleurs, le Syndicat national du personnel de l'administration publique (Snapap) a estimé récemment que les fonctionnaires et salariés basculent de plus en plus nombreux vers les classes pauvres. Dans une étude publiée fin mai, le Snapap relève que la dépense mensuelle globale d'un fonctionnaire s'élève à 126,42%, en incluant toutes les catégories de dépenses et les charges. Ce qui nécessiterait aux fonctionnaires, selon l'étude, un surplus de 11 100 DA par mois pour pouvoir subvenir aux besoins de leur famille. Actuellement, le SNMG est de 12 000 DA. Il est qualifié “de bas” par les experts compte tenu de la cherté de la vie en Algérie. Par ailleurs, toute augmentation du SNMG est, selon de nombreux syndicalistes de la base, vidée de sa substance tant que le fameux article 87 bis de la loi 90/11 qui définit le salaire de base auquel on ajoute les différentes indemnités n'est pas modifié. S. S.