C'est un virulent réquisitoire qu'a dressé, ce mardi matin, le Président en parlant de l'état de nos villes et du cadre de vie des citoyens, tous deux marqués par une dégradation inimaginable et inacceptable. «J'ai honte, j'ai honte, j'ai honte de cette saleté», a martelé le Chef de l'Etat. La saleté de nos villes et leurs aspects architecturaux totalement débridés font honte au premier magistrat du pays. «J'ai honte, j'ai honte, j'ai honte de la saleté de nos villes et du cadre de vie de nos citoyens dans sa globalité», s'est insurgé Abdelaziz Bouteflika, ce matin, à l'ouverture des assises de l'architecture qui se tiennent à l'hôtel El-Aurassi, à Alger. «De Maghnia à Tébessa, les gens construisent comme bon leur semble», ajoutera-t-il. Le constat étant fait, le président de la République exhortera les acteurs de l'acte de bâtir à faire preuve de professionnalisme et à ne plus se cacher derrière «le fallacieux argument de l'enchevêtrement des prérogatives». «Cessons de dilapider les richesses de l'Algérie sous prétexte que les projets n'avancent pas en raison d'un problème de prérogatives et de responsabilités», dira-t-il à ce propos. Dans son virulent réquisitoire, le Président s'est dit consterné par l'image de notre architecture qui ne fait pas de différence entre les villes et le monde rural. «Il faut des lois strictes pour redorer le blason de nos centres urbains», a-t-il signifié en référence au programme de 1,2 million de logements pour lequel l'Etat a consacré plus de 700 milliards de dinars. Le président de la République a également dénoncé les acteurs qui ne cherchent que le gain facile. La tenue des assises de l'architecture trouve sa réponse, selon le Conseil national des architectes (CNA), dans la grave crise urbaine et architecturale que connaissent aujourd'hui nos villes. Consciente des impacts désastreux de cette crise sur l'économie nationale et la vie du citoyen, la famille des architectes se propose de réunir l'ensemble des acteurs pour débattre 6 points jugés d'une importance capitale : l'élaboration d'un bilan sans complaisance de la situation actuelle, l'identification des segments les plus fragiles de formation et de transformation de notre cadre bâti, la mise en exergue des incohérences relevées au niveau des missions et des responsabilités des acteurs du cadre bâti, le décryptage de la complexité, voire les défaillances constatées au niveau des relations entre maîtres d'ouvrages, maîtres de l'œuvre et entreprises en rapport avec les missions de contrôle dévolues aux pouvoirs publics et l'évaluation du dispositif actuel régissant les marchés publics.