Labeur Le travail est dur, harassant, les deux jeunes gens peinent à remplir leurs seaux. Rostom avance à grands pas, longeant les ruelles silencieuses, à peine éclairées par les lueurs de l?aube naissante. Ses sandales de cuir résonnent sur les pavés inégaux. Mais quand il arrive sur la grande place de Ghardaïa, les marchands de tapis sont déjà au travail, déchargeant leurs camionnettes, étalant les larges «h?saïer» pour y déposer leurs marchandises. Rostom, tout en les regardant, ne ralentit pas son allure et, pour aller plus vite, il ôte ses sandales qu?il range dans son petit sac de cuir, à côté de son repas, constitué d?une bonne galette à l?huile et de quelques dattes. Il longe les arcades de la place et tourne à droite. De nouveau, des ruelles bordant des maisons basses aux volets clos, descendant vers les abords de la ville. Il traverse la route bitumée qui mène vers Beni Isguen, et prend à travers le champ de palmiers de Hadj Slimane, son patron. Le sable est encore frais de la rosée du petit matin et ses pieds aux talons crevassés s?enfoncent jusqu?aux chevilles. Sa marche est pénible, mais au bout d?un moment, il aperçoit Moussa, son compagnon de travail, arrivé avant lui, et qui, déjà, s?apprête à descendre dans le puits qu?ils sont en train de construire. ? Salem aleikoum ! ? Salem ! Moussa se retourne, sourit et tend la main à Rostom. Moussa passe sous ses bras la corde nouée, dont l?autre bout est attaché à un palmier tout proche. Il disparaît dans le puits, muni d?une pelle et d?un seau. Rostom attend Bakir, un troisième ouvrier, chargé de vider les seaux de sable qu?ils vont remplir après avoir creusé au fond du puits. Ce dernier arrive, se dandinant sur ses jambes courtes, à demi-découvertes par son large seroual. Tout en marchant, il passe à plusieurs reprises ses mains sur son visage comme pour se réveiller d?une mauvaise nuit. ? Salam ! répond Rostom et, à son tour il descend dans l?étroit goulot... Le travail est dur, harassant. Les deux jeunes gens peinent à remplir leurs seaux. Ils sont couverts de sueur et de terre. Moussa, pour faciliter ses mouvements, a retiré la corde qui entoure sa poitrine. Il sent qu?il peut mieux respirer dans ce lieu confiné. A mesure qu?ils creusent, le sable devient humide, et ils devinent que l?eau n?est pas loin. Il va bientôt devoir s?arrêter et laisser le travail à Bakir, le professionnel qui va finir par tapisser les murs du puits et terminer le travail. Moussa s?arrête pour souffler un peu tandis que son seau monte au-dessus de sa tête, laissant tomber sur les jeunes hommes des coulées de sable. Il plante sa pelle dans le sol, quand, soudain, ce dernier se dérobe sous ses pieds. En quelques secondes, l?homme est englouti. (à suivre...)