Combat Luttant contre la mort, Moussa s?accroche désespérément aux parois du puits, appelant Rostom à l?aide. Seule sa poitrine apparaît encore au-dessus du sable mouillé qui semble n?avoir pas de fond. ? Rostom ! la corde ! Passe-moi la corde, vite, hurle Moussa. Mais Rostom, oubliant qu?il est attaché et qu?il ne court aucun risque, cède à la panique et s?arc-boute contre les parois cimentées du puits, s?accroche à sa corde des deux mains, laissant son camarade s?enfoncer dans le sable. ? Rostom ! Par Dieu ! La corde ! Rostom ne lui lance pas un regard. Il ne pense qu?à lui-même et remonte aussi vite qu?il le peut. Bakir, qui a assisté à la scène, hurle à son tour : ? Rostom, remonte-le, donne-lui la corde? Redescends, et aide-le ; il va mourir, vite ! Mais le jeune homme est déjà au bord du puits. Bakir s?attache à la corde du seau qu?il a fixée au palmier et descend rapidement. Il écarte ses jambes et ses bras pour garder son équilibre quand il arrive au fond, mais le malheureux Moussa a disparu. Pendu à sa corde, il hurle son nom, au-dessus du sable mouvant. Mais personne ne répond, tout est immobile dans la semi-obscurité. Désespéré, il remonte à la surface. Quand il enjambe le bord du puits, Rostom n?est plus là. Il fonce vers la maison de Hadj Slimane pour demander des secours. Mais ils ont beau crier dans le puits, enfoncer de longues perches pour localiser Moussa, rien n?y fit, ils comprennent qu?il est trop tard. Hadj Slimane est hors de lui quand Bakir lui raconte la tragédie. ? Mais pourquoi Rostom ne lui a-t-il pas tendu la corde comme le pauvre malheureux le demandait ? dit-il en pressant les mains l?une contre l?autre? Mon Dieu, quel malheur ! Ce pauvre Moussa ! Mon Dieu ! Les autres hommes, accourus de toutes parts à l?annonce de l?accident, se frappent la tête, se penchent au-dessus du puits. Certains redescendent pour appeler encore le malheureux, sans résultat. - Je ne comprends pas ce qui lui a pris ! crie Bakir, en se frappant la tête des deux mains. Moussa criait : Rostom, donne-moi la corde ! Moi, je hurlais aussi : donne-lui la corde ! mais Rostom n?a rien fait. Il s?est sauvé, le lâche. ? C?est un crime, dit Hadj Slimane ? Oui, un crime ! répétèrent quelques hommes autour de lui. ? C?est comme s?il l?avait tué de ses mains, dit un autre. (à suivre...)