Résumé de la 12e partie n La localisation de la caverne des sept dormants en Jordanie a soulevé l'enthousiasme dans le monde musulman, elle n'a pas eu d'écho ailleurs. D'autres localisations sont toujours proposées, aussi bien dans des pays musulmans que dans d'autres contrées du monde. Cependant, il faut mentionner que ces localisations reposent le plus souvent sur des légendes que sur des découvertes archéologiques conséquentes. Même quand il existe des monuments, ces derniers, attestés souvent depuis longtemps, n'ont reçu qu'après coup la dénomination de «sept dormants». Reprenons le Maghreb. Nous avons cité, pour l'Algérie, le site de N'gaous, qui est le plus connu, dans ce pays. On cite aussi un autre endroit, Ikdjan, une localité médiévale dans la commune des Beni Aziz, dans la wilaya de Sétif. Au IXe siècle de l'ère chrétienne, des pèlerins de la tribu berbère des Kotama, installée dans la région, ont rencontré à La Mecque le prédicateur schi'ite ou da'î Abû Abd Allah, dont la secte était persécutée en Orient, et l'ont invité à se rendre au Maghreb pour y fonder une dynastie. Les Berbères ont été certainement séduits par les croyances religieuses de la secte, notamment le rôle dévolu à l'imam ou guide de la communauté, mais aussi par le fait qu'elle s'oppose aux califes de Bagdad, suzerains des émirs qui commandaient au Maghreb. Le da'î a accepté l'offre, signant ainsi l'acte de naissance de la dynastie fatimide qui va régner au Maghreb, puis en Egypte. Le da'î est installé à Ikdjan, forteresse inexpugnable des Kotama, où il va constituer et entraîner une armée qu'il va lancer contre les Aghlabides, les maîtres du Maghreb. Plus tard, il fera venir de Syrie, le maître de la secte, ‘Ubayd Allah al-Mehdi, qu'il installera à Raqqada, la capitale aghlabide. Les chefs fatimides quitteront Ikdjan, mais la forteresse gardera une importance symbolique pour la dynastie. Elle restera aussi un centre de propagande religieuse actif ainsi qu'en témoignent les nombreuses mosquées et zaouias qui l'entourent. La cité d'Ikdjan, aujourd'hui en ruines, a été classée patrimoine national en 1978. Selon les auteurs musulmans qui l'on visitée au Moyen Age, comme le géographe al-Muqqadasi, Ikdjan était l'une des plus grandes villes de l'Ifriqya, terme qui désignait alors l'est de l'Algérie et la Tunisie. C'était aussi une ville pleine de ferveur religieuse et de mystères. La tradition locale y situe les tombes des sept dormants miraculeux. On parle de sept jeunes gens, venus du Maroc, avec leur chien. Ils étaient de passage à Ikdjan, en route vers l'Orient. Ils avaient reçu l'hospitalité pour la nuit mais le lendemain matin, on les a retrouvés inanimés. On les a enterrés à l'endroit même où ils s'étaient couchés et des piliers d'origine romaine ont été implantés sur les tombes : huit, un pour chacun des adolescents et un pour leur chien. Les colonnes sont surmontées de petits dômes sur lesquels on dispose des kanouns, poteries où on fait brûler des braises. Les visiteurs des lieux faisaient des fumigations d'encens et de benjoin en l'honneur des sept garçons, considérés comme des saints, dont on pouvait, par des invocations, obtenir des faveurs. (à suivre...)