Résumé de la 13e partie n D'autres localisations des sept dormants sont proposées, aussi bien dans des pays musulmans qu'ailleurs. En Algérie, avec N'gaous, c'est le site d'Ikdjan, dans la région de Sétif. Au Maghreb, après l'Algérie, c'est la Tunisie qui abrite un site connu, celui de Chenini, dans le sud du pays. Chenini, à 18 km environ à l'ouest de Tataouine, fait partie de l'un des derniers villages berbérophones qui subsistent encore en Tunisie et il est, aujourd'hui, en partie abandonné. L'histoire des Dormants s'appuie ici sur de grands tombeaux, au nombre de sept, situés près de la vieille mosquée du village, en partie construite dans le rocher. Selon la tradition orale recueillie au début du XXe siècle, des chrétiens, persécutés par un empereur romain païen, se sont réfugiés dans la région de Chenini où se trouvent de nombreuses grottes et abris naturels. Mais les soldats de l'empereur les ont poursuivis et ils ont réussi à localiser sept d'entre eux, des adolescents, cachés chacun dans une grotte. Ils les ont aussitôt emmurés, les condamnant à une mort certaine. Mais, miracle, non seulement les jeunes gens ne sont pas morts de faim et de soif, mais leurs corps, plongés dans un profond sommeil, se sont mis à grandir et les grottes ont pris l'allure de gigantesques tombeaux. Les jeunes gens sont restés endormis pendant quatre siècles, dit la légende. Les Romains ont quitté le pays, mais le souvenir des jeunes persécutés est resté. Un jour, des ouvriers ont entrepris d'ouvrir les tombeaux, croyant trouver des squelettes, mais voilà qu'ils découvrirent des adolescents devenus des géants. Ils semblent morts, mais ils sont plongés dans un profond sommeil. On les réveille et ils s'étonnent de se retrouver en face d'inconnus. — Où sont les soldats romains ? demandent-ils On leur répond que les Romains ont quitté le pays depuis longtemps. — Décius est donc mort ? — Décius est mort depuis longtemps ! On leur expose la religion musulmane et ils se convertissent. Ils vivent parmi la population et, à leur mort, ils sont enterrés dans les grands tombeaux à proximité de la mosquée. A côté de ce site, se trouvent des ruines romaines que les habitants désignent sous le nom de Takionos, nom qui ne manque pas de rappeler celui de Décius, l'Empereur persécuteur des sept Dormants. G. Camps, le préhistorien et archéologue français, spécialiste du Maghreb, établit un lien entre ces croyances aux dormants au Maghreb avec des croyances et des pratiques anciennes, antérieures à l'Islam et peut-être même au christianisme. Il pense spécialement aux génies et aux divinités regroupés par sept et représentés sur les stèles de l'époque romaine. On pense notamment aux sept dieux maures de Béja, en Tunisie, et les sept bustes entourant une représentation de Saturne à Djemila, en Algérie. On relève, aussi, sur une stèle d'époque phénicienne, à Kef el-Blida, en Tunisie, une fresque représentant sept guerriers alignés sur un vaisseau, scène qui fait peut-être allusion au voyage dans l'autre monde. (à suivre...)