Célébration n Il y avait une ambiance feutrée et une atmosphère éclectique, jeudi dernier à l'espace Noûn qui fêtait le premier anniversaire de sa création en présence d'une personnalité de la littérature algérienne : Rachid Boudjedra. Un immense bouquet de roses rouges ornait la vitrine de la librairie dans une étroite entrée où se bousculaient les visiteurs. La présence de l'illustre écrivain en compagnie de son épouse y était pour quelque chose. L'hommage littéraire en bonne et due forme consacré à ce grand auteur qui écrit dans les deux langues avait de quoi émouvoir. Composée d'artistes et d'hommes de lettres, L'assistance a largement eu le temps d'affluer dans un espace qui commence à se distinguer par une certaine liberté de ton, des choix esthétiques particuliers. Car faire fusionner l'élite et le simple citoyen était le premier pari de cette petite galerie. Elle a su, par sa participation à la vie artistique en Algérie, redorer le blason terni de la culture par «des actes palpables, ses positions idéologiques s'agissant de la vie intérieure de l'art et de son exposition de par le monde», selon les dires de Arezki Tahar son directeur durant l'inauguration. Une lecture de l'anthologie de l'œuvre de Rachid Boudjedra, regroupant un choix très varié de textes allant de La Répudiation à des poèmes inédits, a été faite par l'artiste peintre Hamida Lamine sur un fond sonore de musique universelle. L'écrivain, qui s'est dit agréablement surpris par cet hommage, a exprimé sa satisfaction à l'écoute du CD spécialement enregistré pour l'occasion, acceptant de parrainer symboliquement cet espace qu'il a qualifié d'exemple pour la multiplication d'autres lieux de rencontres artistiques, loin de l'esprit mercantiliste qu'affichent certaines librairies. «Je dirais la jubilation à lire toutes ces œuvres qui sont à leur tour de petits espaces qui devraient exister dans une ville aussi merveilleuse qu'Alger», a ajouté Nacéra Saïdi parlant de la dimension magique de cette galerie. L'hommage s'est clôturé sur une lecture de la dernière œuvre de l'écrivain Les 5 fragments du désert. Avec une belle diction, l'orateur a redonné par la parole et l'exaltation le goût de la découverte du texte prosodique de l'écrivain. «Ce livre je l'ai ressenti par rapport à l'aspect minéralité qui se dégage à travers le texte surtout que j'étais en voyage à Béjaïa. C'est une œuvre dont j'apprécie le ton grave et succulent à la fois», dira A. Tahar à l'adresse de l'auteur.