Spécialistes n La plupart des personnes impliquées dans les affaires constatées de trafic de faux billets sont d'origine africaine, des pays subsahariens surtout. Cette tendance trouve son explication dans le fait que ces faussaires africains sont de véritables spécialistes dans le domaine. «Des dizaines de réseaux existent en Afrique, en Europe et au Moyen-Orient. Ces trafiquants ont appris les techniques et les méthodes de trafic sur des manuels envoyés par des trafiquants américains et européens», explique le chef de la brigade de la Gendarmerie de Aïn Benian. «Ce sont de véritables as du clavier...», ajoute-t-il. Selon lui, les Africains proposent des paquets de papier noir qui seront transformés en euros ou en dollars. Dès que le papier est plongé dans un bain de mercure rouge mélangé avec d'autres composants chimiques, la couche extérieure s'efface pour faire apparaître des billets. Ces ressortissants utilisent aussi des photocopieurs et des imprimantes numériques très sophistiquées. Mais c'est surtout la technique du mercure rouge qui reste largement utilisée. Les faussaires ont souvent de solides connaissances informatique et en infographie. Selon lui, les Algériens préfèrent se spécialiser dans la monnaie locale. Selon le chargé de communication de la Gendarmerie nationale, dans la majorité des cas, les faussaires écoulent leurs faux billets sur les marchés de gros, de voitures ou aux bestiaux. «La technique est simple : dans une liasse de billets, ils mettent une certaine quantité de vraies coupures par-dessus et en dessous les fausses, profitant ainsi de la naïveté, de l'ignorance et de l'inattention des vendeurs.» Les premières victimes des faussaires sont souvent les mouala (revendeurs de bétail) qui tombent à chaque fois dans le piège, mais aussi les petits commerçants sur le bord des routes qui témoignent. «J'ai été victime d'un receveur de bus qui s'arrêtait à chaque fois à mon niveau, souvent le soir, hâtant le pas, un faux billet de 1 000 ou 500 DA en main, il me disait : SVP, j'ai besoin de la monnaie, le bus attend et je suis pressé. Il m'a eu à maintes reprises et quand j'ai découvert la supercherie je ne l'ai plus revu. Je suis certain que je ne suis ni sa première ni sa dernière victime», témoigne un commerçant d'alimentation générale à Raïs Hamidou. Un autre revendeur d'électroménager a Chéraga a découvert tardivement qu'il avait empoché 33 000 DA de fausse monnaie. «Un jour, un homme très élégant, qui a garé une luxueuse voiture devant mon magasin, m'a acheté un frigidaire géant. Je ne l'aurais jamais soupçonné et ce n'est que le soir, en comptant ma recette que je me suis rendu compte de l'arnaque.»