Résumé de la 43e partie n Seamus Lambston, comme chaque mois, libelle un chèque conséquent à Ethel. Il la supplie d'avoir pitié de ses filles. Ethel n'entend pas cet appel. Seamus repoussa l'angoissante décision concernant le chèque d'Ethel en s'acquittant des autres. Le gaz et l'électricité, le loyer, le téléphone. Ils avaient renoncé à la télévision câblée six mois auparavant. Une économie de vingt-deux dollars par mois. Le bruit de la cafetière que Ruth mettait à chauffer lui parvint de la cuisine. Quelques minutes plus tard, Ruth entra dans le salon, avec un verre de jus d'orange et une tasse de café fumant sur un petit plateau. Elle souriait, et durant un instant il revit la douce et jolie jeune femme qu'il avait épousée trois mois après son divorce. Ruth était avare de gestes tendres, mais elle se pencha et l'embrassa sur le sommet du crâne en posant le plateau sur le bureau. «?a commence vraiment à me faire de l'effet de te voir régler les factures du mois, dit-elle. Plus d'argent pour Ethel. ?, Seigneur ! Seamus, nous allons enfin pouvoir respirer. Fêtons ça ce soir. Trouve quelqu'un pour te remplacer. Nous n'avons pas dîné dehors depuis des mois.» Seamus sentit les muscles de son estomac se tordre. La forte odeur du café lui donna soudain la nausée. «Chérie, j'espère seulement qu'elle ne va pas changer d'avis, bredouilla-t-il. Je n'ai encore rien obtenu de signé. Crois-tu que je devrais envoyer le chèque comme d'habitude et la laisser le retourner ? Il me semble que ce serait mieux. Nous aurions quelque chose de légal, je veux dire la preuve de son accord pour que je cesse les paiements.» Sa voix s'étrangla brusquement tandis qu'une gifle magistrale lui repoussait la tête sur l'épaule gauche. Il leva les yeux et frémit devant l'indignation meurtrière peinte sur le visage de Ruth. Il avait vu ce regard sur un autre visage à peine quelques jours auparavant. Puis deux plaques rouges apparurent sur les pommettes de Ruth et des larmes de lassitude gonflèrent dans ses yeux. «Seamus, pardonne-moi. Je n'ai pas voulu te frapper.» Sa voix se brisa. Elle se mordit les lèvres et redressa ses épaules. «Mais plus de chèques. Qu'elle tente seulement de revenir sur sa parole. Je la tuerai de mes propres mains plutôt que te laisser lui payer encore un nickel.» Le vendredi matin, Neeve parla à Myles de son inquiétude au sujet d'Ethel. Tout en étalant d'un air préoccupé du fromage fondu sur un petit pain grillé, elle lui fit part des pensées qui l'avaient gardée éveillée la moitié de la nuit. «Ethel est assez tête en l'air pour prendre un avion sans sa nouvelle garde-robe, mais elle avait fixé un rendez-vous à son neveu vendredi dernier. — C'est du moins ce qu'il dit, I'interrompit Myles. — En effet. Je sais pourtant qu'elle a rendu son article jeudi. Il faisait un froid de loup ce jour-là, et il s'est mis à neiger, en fin de journée. Vendredi, on se serait cru en plein hiver. — On dirait un compte rendu de météo, fit remarquer Myles. — Tu n'es pas drôle, Myles. Quelque chose ne tourne pas rond dans cette histoire. J'ai trouvé tous les manteaux d'Ethel dans sa penderie. — Neeve, cette femme est indestructible. J'imagine parfaitement Dieu et le diable en train de se la refiler : «Prends-la elle est à toi.» Myles sourit, ravi de sa plaisanterie. (à suivre...)