Résumé de la 54e partie n Dans un dernier souffle, Nicky soutient qu'il n'a pas tué la jeune Kearny. Doug, de son côté, a retiré de la boîte aux lettres la lettre et le chèque adressés à Ethel... Après avoir tourné la question dans sa tête jusqu'à midi, il prit sa décision. Il lui restait juste quatre cents dollars à tirer sur son compte en banque. Il attendit impatiemment dans la queue interminable devant le guichet de la banque et prit l'argent en coupures de cent dollars. Il ne lui restait qu'à les planquer dans les cachettes d'Ethel, de préférence celles qu'elle utilisait rarement. Ainsi, si quelqu'un se mettait à fouiller, l'argent serait là. Quelque peu rassuré, il s'arrêta pour acheter un hot dog à un marchand ambulant et retourna travailler. A dix-huit heures trente, au moment où Doug tournait dans la Quatre-vingt-deuxième Rue à l'angle de Broadway, il vit Seamus qui descendait précipitamment les marches de l'immeuble d'Ethel. Il faillit éclater de rire tout haut. Bien sûr ! On était le cinq du mois, et cette chiffe molle de Seamus arrivait juste à temps avec le chèque de la pension alimentaire. Quelle triste touche il avait dans son manteau râpé ! A regret, Doug se rendit compte qu'il lui faudrait attendre un peu avant de pouvoir lui-même s'acheter de nouveaux vêtements. Il lui faudrait être très, très prudent à partir d'aujourd'hui. Il ramassait tous les jours le courrier avec la clef qu'Ethel gardait dans une boîte sur son bureau. Comprimée dans la boîte aux lettres, l'enveloppe de Seamus dépassait un peu de la fente. A part ça, il y avait surtout des prospectus sans intérêt. Les factures d'Ethel allaient directement chez son comptable. Il feuilleta les enveloppes d'un doigt, puis les laissa tomber sur le bureau. Toutes à l'exception de celle qui n'était pas timbrée, la contribution de Seamus. Elle n'était pas correctement cachetée. Il y avait un billet à l'intérieur, et la forme du chèque était visible. L'ouvrir et la cacheter à nouveau ne présenterait aucune difficulté. Doug passa lentement la main sur le rabat, puis il ouvrit l'enveloppe en prenant soin de ne pas la déchirer. Le chèque s'en échappa. Dieu, il aurait aimé pouvoir faire une analyse graphologique ! Le stress se lisait comme une carte routière dans le gribouillis tordu qui était l'écriture de Seamus. Doug reposa le chèque, ouvrit le billet, le lut, le relut et resta la bouche ouverte de stupéfaction. Que diable... Il remit avec soin le billet et le chèque dans l'enveloppe, lécha la colle, pressa soigneusement le rabat. La vision de Seamus, les mains fourrées dans ses poches, traversant la rue à la hâte, surgit comme un plan fixe devant ses yeux. Quelque chose ne tournait pas rond chez ce type. A quoi jouait-il en écrivant qu'Ethel avait accepté de renoncer à la pension et en joignant le chèque malgré tout ? Tu te mets le doigt dans l'œil si tu crois qu'elle te lâchera jamais la bride, songea Doug. Un frisson glacé le parcourut. Le billet avait-il été écrit à son intention, non à celle d'Ethel ? En rentrant, Neeve découvrit avec plaisir que Myles avait fait un marché conséquent. «Tu as même été chez Zabar, dit-elle joyeusement. Je comptais quitter la boutique plus tôt demain, pour faire les courses. Grâce à toi, je peux commencer les préparatifs dès ce soir. Elle l'avait prévenu qu'elle aurait de la paperasserie à terminer après l'heure de la fermeture. Elle remercia silencieusement le ciel qu'il n'ait pas songé à lui demander comment elle avait traversé la ville. (à suivre...)