Lacune n En l'absence de galeries d'art à vocation professionnelle, un réel marché de l'art en Algérie n'existe pas. Une galerie (d'art) marchande vient d'ouvrir ses portes au Golf (El-Mouradia), dont le propriétaire est Kahlan Abderahman, un artiste peintre qui se distingue par un talent avéré. «Je voulais avoir mon propre espace où je pourrai exposer mes œuvres sans être assujetti aux exigences des galeristes», confie-t-il, ajoutant : «Cela ne m'empêche pas d'organiser des expositions ailleurs.» Cette galerie fait également office d'espace d'exposition où des artistes peuvent exposer leur création au public. «L'espace est ouvert à tous les artistes désireux d'exposer leurs œuvres et, du coup, se faire connaître», explique Kahlan Abderahman, ajoutant que l'objectif de cette galerie consiste à promouvoir l'art et le rendre accessible au public. La galerie (sise au Centre commercial El-khalidji, 69, rue Haddad-Ali, boutique 214) se présente comme la caverne d'Ali Baba, où les objets d'art – de grande valeur artistique – sont disposés, çà et là, avec goût, de manière à occuper tout l'espace sans trop donner l'impression d'un lieu surchargé. On y trouve des tableaux, des objets en verre et des poteries admirablement peints, des sculptures en fer et bien d'autres réalisations relevant toutes d'un goût raffiné et d'un style original. Par ailleurs, Kahlan Abderrahman, s'exprimant sur l'état des lieux de l'art en Algérie, estime que, contrairement à l'ancienne génération, il y a très peu d'artistes dotés d'un talent créatif et d'intuition imaginative. Il n'y a plus de sensibilité ni de charge poétique. «La plupart se contentent de plagier, d'ailleurs mon travail est copié», déplore-t-il, ajoutant qu'il n'y a plus d'inspiration ni un travail de recherche et de réflexion. Tout le monde, selon lui, se dit peintre, voire artiste, alors qu'il est dépourvu d'une sensibilité artistique. L'artiste reconnaît en outre l'absence de véritable galerie d'art, c'est-à-dire à vocation professionnelle. «Ce qu'il y a, ce sont bien des espaces à caractère commercial. C'est un local transformé en un lieu d'exposition ; et les galeristes ne sont que des commerçants, à croire qu'il s'agit d'une épicerie», souligne-t-il, précisant qu'un galeriste a pour rôle de promouvoir l'art et de créer une dynamique artistique permanente et sans cesse renouvelable, pour privilégier ainsi la création et le renouveau. «Or, chez nous, les galeristes s'intéressent uniquement à l'argent, ils ne voient pas d'ailleurs le tableau comme une œuvre d'art, mais plutôt comme un objet à valeur commerciale», indique-t-il. En l'absence de galeries d'art à vocation professionnelle, un réel marché de l'art en Algérie n'existe pas. L'art de Kahlan Abderrahman puise son essence dans l'onirisme que génère la fascination pour l'Orient. Il y puise toute son inspiration. «L'Orient est mon lieu de prédilection», dit-il. Cet enchantement pour un tel ailleurs s'exprime notamment à travers les couleurs. Et d'ajouter : «Mais cela ne m'empêche pas de m'essayer à d'autres genres. Je m'essaie d'ailleurs à aller vers le surréalisme tout en gardant, bien entendu, une touche orientale. Je m'intéresse également à l'art de la miniature. Je compte rendre hommage à Mohamed Racim à travers des miniatures que j'ai l'intention de réaliser.»