Le Groupe Khalifa avait envahi les milieux sportifs notamment celui du football avec une célérité incroyable via le sponsoring. Aujourd'hui, l'affaire a éclaté et plusieurs personnalités, celles qui se sont sucrées bien sûr, seront démasquées par la justice. La liste, dit-on, est longue et risque de révéler d'autres noms, d'autres… zones d'ombre. Ce secteur avait profité de l'argent et des largesses de l'empire du vent. Il y a deux jours, la chaîne Arte, lors d'une soirée Thema, consacrait son sujet à l'argent du football et aux dessous de la puissante Fifa (la Fédération internationale de football association) que préside depuis 1998 le Suisse Joseph Sepp Blatter qui n'est pas au-dessus de tout soupçon dans plusieurs affaires de pots-de-vin, de corruption, de trafic d'influence et d'autres délits liés au pouvoir de son poste et aux milliards que brasse le foot. Ainsi, la version télé de l'enquête menée par le journaliste de la BBC Andrew Jennings, auteur du brûlot Carton rouge, est venue à point nommé pour rappeler que le foot et l'argent sont intimement et fortement liés, et pas toujours pour la bonne cause. Chez nous, le procès Khalifa, ouvert depuis quelques jours, commence à lever le voile sur «l'argent sale» qui a servi, entre autres, à financer le sport algérien et surtout le football en particulier. Déjà qu'à l'époque, certains observateurs avertis s'interrogeaient sur cette façon et cette grosse manne qui tombait soudainement dans les caisses de la Fédération algérienne de football (FAF) et des clubs (les 16 de la Nationale I et plusieurs de la Super DII), sans oublier le club de l'Olympique de Marseille qui s'est offert un contrat du tonnerre dont le montant est toujours tenu secret. Evidemment, Abdelmoumen Khalifa, ses conseillers et ses hommes de main ne pouvaient pas rester loin de la sphère footballistique en raison du créneau très porteur que représente ce sport et de l'idéal de blanchiment d'argent qu'il procure. Et si aujourd'hui, des personnalités du foot, en l'occurrence le président de la FAF de l'époque Mohamed Raouraoua, Meziane Ighil, l'ex-DTN, les présidents de clubs et autres acteurs, font la fine bouche et le dos rond pour s'éloigner de tout contact suspect avec l'empire Khalifa, ce n'était pas le cas hier lorsqu'on se bousculait au portillon pour ramasser un chèque de sponsoring ou solliciter une «aide». «L'argent s'échangeait à Alger, au Square, avant de prendre le chemin d'autres destinations valise par valise», avouait à la barre l'accusé Djamel Guellimi, le bras droit de Khalifa. Ce dernier précisera que Meziane Ighil, par exemple, avait non seulement signé un contrat de sponsoring au profit du NA Hussein-Dey, mais il est devenu consultant de Khalifa avec un salaire de 100 000 DA par mois, mais sans contrat ! Tout comme d'autres personnalités ou journalistes qui recevaient leur pige régulièrement. C'est dire la manne et la mainmise de Khalifa en ces débuts des années 2000 sur le football et même sur sa première fédération dont il est devenu, en grande pompe, le sponsor majeur.