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Lakhdar Belloumi, le témoin à charge
Le procès de l'affaire khalifa au tribunal de Blida
Publié dans El Watan le 20 - 01 - 2007

Le procès de l'affaire Khalifa a entamé, jeudi dernier, sa dixième journée. Lakhdar Belloumi est la deuxième personnalité du monde sportif, après Mohamed Zaïm, à avoir été convoquée comme témoin au tribunal criminel de Blida.
Un peu crispé, visiblement tendu, l'ancien joueur de l'équipe nationale s'est déplacé de Mascara au tribunal de son propre gré. Un acte que le parquet général et la présidente du tribunal saluent, avant de lui demander de rester dans la salle réservée aux témoins. L'accusé Chaâchouâ Abdelhafid, directeur général de la sécurité et de la prévention (KGPS), est appelé à la barre. Il dément sa relation avec le sponsoring des clubs sportifs. La présidente l'informe que de nombreux témoins et accusés affirment le contraire. « Je n'ai aucune relation avec le sponsoring », ne cesse-t-il de répéter. « Vous n'avez jamais assisté à la signature des conventions ? » L'accusé : « Jamais. » La juge : « Vous n'avez jamais reçu l'ordre pour prendre de l'argent de la caisse et le remettre aux clubs sportifs ? » L'accusé : « Jamais. » Elle l'interroge sur le sponsoring de l'OM, et Chaâchouâ utilise la même réponse : « Jamais. » Elle lui rappelle les déclarations de Zaïm, ancien président du club de football de Blida. L'industriel l'a rencontré au bureau du Kechad, directeur de l'agence de Blida, pour négocier les formules de sponsoring, pas par hasard comme il l'a affirmé. « Je l'ai effectivement rencontré et quand il a parlé du sponsoring je lui ai dit qu'il existait un service qui s'occupe de cela au groupe Khalifa. Tout le monde me connaît à Blida, comme un très grand fan de l'USMB », déclare Chaâchouâ. La présidente : « Nous connaissons ce qu'est un fan. Vous, vous êtes accueilli au stade au même titre que le président de l'USMB. » L'accusé : « Ce n'est pas vrai, je ne lui ai jamais donné de l'argent et je ne sais même pas comment le club a été payé. » La présidente appelle l'accusé Tahar Kechad pour une confrontation. « Nous nous sommes réunis moi, Chaâchouâ et Zaïm Mohamed une première fois dans mon bureau et une deuxième fois au bureau de Chaâchouâ pour discuter des modalités mises en place par Khalifa dans le cadre du sponsoring », explique l'accusé. La juge se retourne vers Chaâchouâ et lui demande combien de fois il a rencontré Belloumi. « Une ou deux fois. Une fois à Paris à l'occasion du match France - Algérie, où j'étais invité comme beaucoup de monde, et je l'ai salué en tant qu'ancien joueur connu », dit-il. La présidente veut savoir si c'est l'unique fois. L'accusé : « Oui. » Elle demande aux policiers de ramener Lakhdar Belloumi. Le témoin arrive. Il reconnaît d'emblée Abdelhafid Chaâchouâ, ancien directeur général de la sécurité et de la prévention, debout à la barre depuis déjà une heure. Il est sommé d'expliquer au tribunal comment il a été recruté par le groupe Khalifa. « La première fois, j'ai été contacté par un ancien joueur, président d'un petit club de football, Hamdache Ninou. Il m'a dit que le groupe Khalifa me demandait au siège, à Alger, pour discuter de leur éventuelle représentation à l'Ouest. Khalifa voulait, d'après ce que j'ai compris, un sportif pour s'occuper de toutes les activités culturelles et sportives dans cette région. Comme vous le savez, un footballeur, une fois à la retraite, se retrouve au chômage. Cette offre était pour moi une aubaine pour travailler. Je me suis donc déplacé à Alger », déclare-t-il. Il se dirige à la villa du groupe située à Hydra, où il trouve « tout le monde, c'est-à-dire les dirigeants ». Il cite Djamel Guellimi, Abdelhafid Chaâchouâ, ses deux frères Didine et Badreddine... Ce dernier se trouvant dans le box des accusés est appelé pour une confrontation. « Est-ce celui-là ? », lance la présidente à Belloumi. « Oui, c'est lui, sauf qu'avant il ne portait pas de lunettes. » Il poursuit sa déclaration. « Il y avait d'autres aussi, mais je ne me rappelle pas desquels. Nous avons discuté du sponsoring des équipes de football de première division de l'Ouest. » La juge : « Avez-vous refusé ? » Le témoin réagit spontanément : « Refuser, jamais. J'étais en fin de carrière. Ils me disent vient travailler, je ne dis pas non. » La magistrate recentre le débat sur Chaâchouâ. « Lors des négociations au bureau, avec qui aviez-vous le plus discuté ? » Belloumi : « C'était une discussion globale. J'ai le plus discuté avec Chaâchouâ Hafid, son frère Didine et Djamel Guellimi du fait qu'ils étaient des sportifs et nous avons surtout parlé du monde du sport. Le régional de Khalifa Airways, Kara, m'a proposé d'être le représentant du sponsoring du groupe Khalifa à l'Ouest pour un salaire de 80 000 DA. J'ai accepté ». Le témoin rejoint par la suite sa ville pour commencer le travail. Quelque temps plus tard, le régional de Khalifa Airways le convoque à Oran pour signer le contrat. « En quoi consiste précisément votre travail ? », lui demande la présidente. Lakhdar Belloumi : « Le sponsoring des clubs de foot. Ma tâche est d'inviter les clubs de la première division et de leur faire signer les conventions. Cela a été le cas pour l'ASMO, le Mouloudia d'Oran, et l'équipe de Tlemcen ». La juge : « Si j'ai bien compris, vous serviez d'intermédiaire entre les présidents de clubs et Khalifa Airways comme cela a été le cas, par exemple, pour l'USM Blida et El Khalifa Bank ? ». Le témoin acquiesce. Elle l'interroge sur les modalités de paiement par Khalifa Airways. « J'avais un compte à Khalifa Bank, agence de l'aéroport, où était versé mon salaire de décembre 2000 à mars 2003 », dit-il. Sur les montants versés aux clubs, le témoin déclare que cette question ne le concernait pas, mais il finit par révéler qu'il avoisinait les 40 millions de dinars par club. « Il n'y avait que les trois clubs de la première division et les négociations autour des montants sont du ressort des présidents des clubs. Moi, je signe la convention de sponsoring et les présidents signent les contrats de sponsoring où est discutée la question de l'argent ». La juge veut connaître le nombre de rencontres entre le témoin et Chaâchouâ. Il affirme que la première fois qu'il l'a rencontré, c'était à Hydra, au siège de la direction du groupe. « La seconde fois, c'est lui qui m'a appelé par téléphone. Il m'a demandé de ramener mon passeport et de rejoindre Alger pour prendre part à la signature de la convention de l'Olympique de Marseille (OM) à Paris, en tant que représentant de Khalifa, chargé du sponsoring à l'Ouest du pays », déclare Belloumi. « Qui a pris part à ce voyage ? », demande la présidente. « L'avion était plein. Il y avait des sportifs, les dirigeants de Khalifa et les journalistes », précise-t-il. « Est-ce que Chaâchouâ était avec vous ? », insiste-t-elle. « Je ne me rappelle pas. Par contre, je peux vous dire qu'il était parmi nous lors du voyage pour le match Algérie-France », répond Belloumi. « Et Guellimi était-il présent ? », dit-elle. « Je ne me rappelle pas », lance-t-il. Néanmoins, il note que le PDG du groupe, Khalifa Abdelmoumen, était présent, du fait que c'est lui qui a signé le contrat, et que c'était pour la première fois qu'il le voyait. C'est dans l'avion, à l'occasion du voyage pour le match Algérie-France, qu'il aurait rencontré Chaâchouâ. « Il y avait tout le monde : les dirigeants, les personnalités et les journalistes ». La magistrate : « Et les joueurs ? ». Belloumi : « ils étaient dans un autre avion ». Il note avoir rencontré Chaâchouâ une autre fois, lors du match Algérie-OM, occasion où il a rencontré aussi Salim Boualbdellah. « C'est la quatrième fois donc que vous voyez Chaâchouâ ? », précise la présidente. « Oui 3 ou 4 fois ». La présidente lui rappelle que devant le juge, il avait déclaré avoir rencontré Chaâchouâ à plusieurs reprises. « Je pense que ce sont les occasions où j'ai eu à le rencontrer ». La juge : « Est-ce que, selon vous, Abdelhafid Chaâchouâ faisait partie des responsables de Khalifa ? ». Lakhdar Belloumi : « Il était responsable du sport ». La magistrate : « vous voulez dire du sponsoring ? ». Belloumi : « Non, du sport. Mais j'étais responsable du sponsoring, du moins pour l'Ouest. Il était parmi les cadres, il bougeait, il travaillait ». Il indique ne pas pouvoir affirmer si Chaâchouâ décidait du sponsor des autres clubs sportifs, du fait qu'il ne sortait pas d'Oran. La magistrate appelle Djamel Guellimi, assis au box des accusés, et lui demande ce qu'il a à dire après les déclarations de Belloumi. « Je n'ai rien à voir avec le sponsoring de l'OM. Cette tâche a été prise en charge par Mme Djazourli, la tante de Moumen et Khalifa Airways Algérie. Par contre, je voudrais apporter une précision concernant ma présence dans l'avion avec Belloumi, lors du voyage pour le match Algérie-France. Je ne pouvais pas être avec lui. Moi, j'étais sur place déjà. Mais j'étais présent à la réunion au siège du groupe sur instruction du PDG. Celui-ci voulait avoir un représentant du sponsoring du monde sportif à l'Ouest, cela a abouti. Le reste ne me concerne pas et je n'ai pas assisté ». La juge revient à Chaâchouâ. « Qu'en pensez-vous ? ». L'accusé : « Ils disent la vérité ». Une déclaration qui provoque la colère de la magistrate. « Si vous, vous avez fait du football, moi j'ai vingt-deux ans dans ce métier. Depuis hier, vous ne cessez de nier et de répondre à mes questions avec du jamais. Maintenant vous dites c'est vrai », lance-t-elle en lui rappelant toutes ses affirmations de la veille. « Vous dites que c'est le hasard qui a fait que vous rencontrez Zaïm, par hasard que vous parlez avec Belloumi etc, tout est notifié. Comment voulez-vous que je puisse vous croire pour le reste ? Vous étiez présent à la négociation du sponsoring des équipes de football de l'ouest du pays, et vous avez appelé Belloumi pour assister au match Algérie-OM. Ma foi, il y a trop de contradictions dans vos propos. Pourquoi voulez-vous nier ? », fait remarquer la juge. L'accusé, un peu destabilisé, bégaye et ne trouve pas les mots. « Je me rappelle maintenant », déclare-t-il avant d'être interrompu par la présidente. « Etiez-vous présent à la réunion de Hydra ? », lui demande-t-elle en haussant le ton. « Je ne me rappelle pas ». La magistrate s'énerve. Elle appelle Badreddine Chaâchouâ assis au
box des accusés et lui demande si son frère Abdelhafid avait assisté à cette réunion. « Je ne me rappelle pas. Mais je me rappelle que Belloumi m'a appelé pour me proposer un local qu'il avait à Mascara et qu'il voulait louer à El Khalifa Bank. » La magistrate met sèchement un terme à ces propos avant de lui ordonner de s'asseoir. Elle appelle Djamel Guellimi et lui pose la même question. Lui aussi déclare qu'il ne se rappelle pas. « Il y avait beaucoup de monde. » La juge sort de ses gonds : « Elevez un peu le niveau. Ne mentez pas. Faites comme Akli Youcef, qui a dit toute la vérité. » Elle se calme et revient à Chaâchouâ. « Avez-vous, pour la dernière fois, pris part à la réunion de Hydra ? » L'accusé n'est plus catégorique. « Peut-être », dit-il en jurant (ouallah). « Je ne veux pas de ouallah, je veux juste une réponse claire. » L'accusé prend la parole. « Je ne me rappelle pas », insiste-t-il. La présidente ne veut plus l'entendre. « Pourquoi cacher la vérité ? Cela suffit. Le dossier est clos. Ne me dribblez pas », déclare-t-elle avant de donner la parole au procureur général. Celui-ci commence par remercier Belloumi d'être venu témoigner sans que la justice n'ait eu à recourir à la procédure extrême, tout en souhaitant que les autres témoins suivent son exemple. « A quel titre Djamel Guellimi vous a été présenté à Hydra ? », demande le magistrat. « En tant que chef de cabinet du PDG, Khalifa Abdelmoumen. C'est ce que j'ai entendu », répond Belloumi. « Est-ce que Chaâchouâ vous appelait au téléphone régulièrement ? », interroge le magistrat. Le témoin : « Plutôt occasionnellement quand il y avait quelque chose. » Me Khaled Bourayou veut poser des questions. La présidente lui fait savoir que le témoin n'est là que pour le point lié au monde sportif. « Moi je suis pour l'agent, Mme la présidente », déclare-t-il. « Vous n'êtes pas là pour l'argent et à ce rythme croyez-moi aucun témoin parmi la centaine que nous voulons entendre ne franchira la porte du tribunal. Dites-moi pour l'intérêt de quel accusé vous posez cette question », lui répond la juge. L'avocat précise que c'est pour le compte de Akli Youcef, le caissier principal. Me Bourayou veut savoir si les trois équipes de football de l'Ouest ont bénéficié en même temps du sponsoring. « Oui en même temps et en plus elles étaient en retard par rapport à celles d'Alger. »
Chaâchouâ et le club des nudistes cannois
Cette question fait rebondir un des conseillers de la présidente. « Comment se fait ce sponsoring. » Belloumi : « Les équipes doivent avoir le sigle de Khalifa Airways sur leurs maillots et leurs équipements. » Me Ablaoui, intervient. « Mme la présidente, nous sommes ici pour parler de la caisse principale et donc d'El Khalifa Bank et non pas de Khalifa Airways, ne nous dispersons pas. » La juge réagit : « Si Chaâchouâ nous avait dit la vérité, nous n'aurions pas ramené Lakhdar Belloumi. Vous avez remarqué que l'accusé reconnaît avoir envoyé Dellal Abdelwahab à la caisse principale pour ramener des sachets d'argent à Abdelmoumen, avoir lui-même récupéré des sacs d'argent d'El Harrach toujours pour son patron, mais ne veut pas dire la vérité sur le sponsoring. » Elle autorise Lakhdar Belloumi à partir, en attirant son attention que si la nécessité de l'entendre une seconde fois, le tribunal le convoquera. Il quitte la salle, le visage en sueur. La juge se retourne vers Chaâchouâ : « Le procureur vous a posé des questions très précises mercredi sur de nombreux points, dont celui relatif à votre salaire qui, selon vous, est de 100 000 DA. J'ai ici une fiche de paie avec un net de 220 000 DA. Qu'avez-vous à dire ? » L'accusé : « Peut-être qu'il s'agit de deux salaires. » La présidente : « Je n'ai pas dit un relevé bancaire, mais une fiche de paie. » L'accusé déclare ne pas se rappeler d'une fiche de paie de 220 000 DA. La présidente lui demande de se rapprocher pour voir la fiche exhibée et vue par les avocats. Il la regarde quelques secondes, puis il lance : « Il faut peut-être demander au banquier qui l'a fait. Peut-être que j'avais un montant que je n'avais pas encaissé. » La magistrate lui demande d'expliquer ce qu'est le code 00100. « Pas 00100, mais 100 uniquement, qui est le code de l'agence de Chéraga. » Pour être plus sûre, elle appelle le caissier principal Akli Youcef et lui demande de lire le code inscrit sur la fiche de paie. « Le 100 est le code de l'agence de Chéraga pas les deux 00 », dit-il. La magistrate, pour mettre fin à la confusion, déclare qu'il s'agit d'un code pin d'une carte de paiement électronique. « Le procureur général vous a interrogé sur votre possession ou pas d'une carte de paiement », précise la juge. L'accusé répond : « J'ai dit que celle dont il parlait est un prototype de carte. Je n'ai pas de compte. » Elle insiste. « N'avez-vous pas de MasterCard ? » La réponse de l'accusé est toujours la même. « Je n'ai ni carte ni compte. » Elle tente d'être plus précise. « Sur quel type de cartes il y a une photo ? », demande-t-elle. « La carte professionnelle », répond l'accusé. « J'ai dit carte de paiement », rétorque la magistrate. « Vous parlez du prototype ? Je vais vous expliquer. Un jour Raghed Chemaâ m'a donné une carte avec ma photo. Je l'ai regardée, il y avait un âne en arrière-plan. J'ai rigolé et je lui ai dit que vais-je faire avec du fait que je n'avais pas de compte. Il m'a dit alors de la garder. Mais je ne l'ai jamais utilisée. » La juge tire cette carte et l'exhibe. « Pouvez-vous nous expliquer c'est quoi cette carte ? » L'accusé : « C'est celle que Raghed m'a offerte. » Le procureur général intervient. « C'est une carte d'un club restreint », fait-il remarquer à la présidente. « Je vous dis que je n'ai même pas de compte », ne cesse de clamer l'accusé. « Combien de chéquiers avez-vous ? », demande la présidente. « Je pense deux d'El Khalifa Bank et un autre CCP. » La magistrate insiste, elle répète la même question et Chaâchouâ donne la même réponse. « J'ai comme l'impression que vous ne me croyez pas », déclare l'accusé. « Vous devez me répondre d'une façon convaincante pour que je puisse vous croire et vous donner l'impression que je vous crois », précise la présidente. L'accusé se ressaisit. « C'est le club NDM. Je ne peux vous donner l'explication des lettres », dit-il en souriant. En fait, cette carte est donnée aux membres d'un club de nudistes cannois représenté par un âne. Chaâchouâ déclare que cette carte n'est cependant qu'un prototype. Il est convaincu que le club n'existe pas. La juge lui demande alors pour quelle entité de Khalifa il travaillait. « J'étais au groupe Khalifa, chargé de la sécurité et de la prévention », dit-il. Elle lui demande alors d'expliquer la présence d'une carte professionnelle délivrée par Khalifa Airways. « J'ai le droit d'avoir une carte de Khalifa Airways pour ne pas avoir de problèmes avec les agences quand je me déplace. » Elle l'interroge s'il possède une carte d'El Khalifa Bank.
Plus de 770 000 dollars US pour Le phénomène Khalifa
« Peut-être. » répond-il. La magistrate se lance dans une série de questions. « Avez-vous accès au cercle restreint de la direction du groupe Khalifa ? » L'accusé : « Je pense. » La juge : « Abdelmoumen vous charge de lui ramener l'argent et vous appelez Akli Youcef, pour le préparer… » L'accusé : « Je suis chargé de la sécurité et de la prévention. » La présidente : « Etes-vous un des dirigeants du groupe ? » Chaâchouâ : « Le groupe n'existe pas. » La magistrate : « Avez-vous un lien avec l'ANP ? » L'accusé : « Non aucun. » La présidente l'interroge sur la carte de membre du centre de repos familiale (CRF) de Sidi Fredj pour les officiers de l'ANP. « Un jour, j'ai été invité à un mariage dans la salle qui est à l'intérieur, j'ai vu le responsable et je lui ai demandé s'il pouvait me faire une carte pour aller avec ma famille à la plage. Il a accepté », explique-t-il. La magistrate exhibe la carte et lui demande s'il s'agit bien de celle-ci. « C'est bien ma carte », répond Chaâchouâ. « C'est quoi ce numéro et ce code ? », demande la juge. « Je ne sais pas. J'ai juste remis une photo et le responsable m'a remis la carte quelques jours plus tard pour pouvoir accéder à la plage », se défend-il. Le procureur général prend la parole. Il ouvre une autre série de questions sur le documentaire Le phénomène Khalifa réalisé au prix de 771 000 dollars US. « Dites-nous quel a été votre rôle dans la réalisation de ce documentaire ? », lui demande le magistrat. L'accusé nie toute implication. « Les gendarmes ont trouvé, dans vos affaires à la maison, une lettre accompagnée d'un chèque. Ce document fait état d'un montant total de 771 000 dollars US. La première partie d'un montant de 370 000 dollars a été versée cash et la seconde de 385 000 dollars US devait être versée dans un compte domicilié dans une banque américaine à Santa Monica », explique la présidente, en montrant aux avocats le document et le chèque. L'accusé réfléchit puis déclare : « Le PDG a oublié ce document dans ma voiture, parce qu'il lui arrivait souvent, quand je l'accompagnais avec ma Golf, qu'il égare des choses. Je les mettais dans la boite à gants. » Une réponse qui ne convainc pas la juge. « Comment peut-il laisser tomber une feuille bien pliée à laquelle est agrafé un chèque ? » Chaâchouâ revient sur ses propos : « Maintenant je me rappelle. Gérard Depardieu et le fils de Djamel Ould Abbas, le ministre, devait faire une tournée pour réaliser un film sur le groupe. » dit-il avant d'être stoppé net par la présidente. « Que faisait ce document chez vous ? » L'accusé : « J'ai déjà dit que c'est le PDG qui l'a égaré dans ma voiture. Lorsque j'ai appris l'arrivée de l'administrateur provisoire, j'ai pris tout ce qu'il y avait dans la boite à gants et je l'ai déplacé chez moi, sans savoir ce que le document contenait. » La présidente : « N'aviez-vous pas été chargé du versement du montant ? » Chaâchouâ : « Jamais. » La magistrate insiste : « Ne deviez-vous pas remettre ce chèque à quelqu'un ? » L'accusé : « Jamais. »
Les villas de RAK
La magistrate : « N'étiez-vous pas chargé de verser cash la somme ? » L'accusé : « Non. » La juge : « Pourquoi n'avoir pas restitué le document à Moumen ? » L'accusé : « je ne l'ai pas remarqué. Ce sont les gendarmes qui l'ont découvert chez moi. » Le procureur général revient à la charge et questionne l'accusé sur les deux villas de Hydra et de Mackley. « Les deux sont louées », répond Chaâchouâ. Le magistrat lui demande combien de fois a-t-il remis des sacs d'argent à Abdelmoumen. « Je ne me rappelle pas. De nombreuses fois en tout cas. En dinars et en devises », répond l'accusé. Le procureur général veut savoir comment se faisait le contact entre l'accusé et Dellal Abdelwahab, qui était chargé de passer chez le caissier principal pour acheminer les sacs d'argent vers le siège du groupe, au bureau de Abelmoumen. « Parfois par radio. Je lui dis Aziz dirige-toi vers le 100, qui est le code de l'agence. Il trouve le sac déjà préparé par Akli Youcef. J'évite parfois la radio, parce que les fréquences sont facilement pénétrables. Je l'appelle en lui disant de me contacter par TPH, le téléphone », dit-il. La présidente montre à l'accusé les photos de ses deux villas situées à Dar Diaf et au Village des artistes à Zéralda. Elle lui pose des questions sur celle de Zéralda. « Je l'ai achetée en 2001 pour 5 millions de dinars. C'était une carcasse que j'ai terminée. Je l'ai vendue 7 millions de dinars. » La magistrate l'arrête sur ce dernier détail et lui fait savoir que le prix était un peu bas par rapport aux travaux « luxueux » réalisés. Le marbrier a exigé, à lui seul, 4,5 millions de dinars, précise-t-elle. « Quand je l'ai achetée, ce n'était pas pour la revendre. Mais à l'époque, il y avait des problèmes dans cette coopérative. Le ministre du Tourisme voulait détruire ces villas. J'ai donc décidé de vendre rapidement. Je me suis entendu avec l'acheteur pour qu'il paie lui-même le marbrier. L'acte date d'avril 2003, mais j'ai vendu en juin 2002. L'acheteur m'avait remis une avance. » La magistrate : « Cette vente n'était-elle pas liée à la dilapidation ? Les poursuites judiciaires dans le cadre de cette affaire étaient engagées en mars 2003 et vous avez vendu en avril 2003. » L'accusé est catégorique : « Jamais. L'intermédiaire qui était mon père m'a trouvé un acheteur au mois d'août 2002. J'ai demandé 8 millions de dinars, mais on a arrêté le montant à 7 millions de dinars. C'était au mois de septembre ou octobre 2002. » La présidente : « Non, les papiers montrent autre chose. Vous êtes poursuivi dans cette affaire, il fallait faire vite pour vendre la villa. » L'accusé : « Pourquoi je vais vendre ? » Son avocat, Me Ksentini se révolte.


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