Patrons et marins pêcheurs fustigent la nouvelle loi du ministère de tutelle. C'est l'occasion pour eux de parler du malaise de leur secteur. Fragilisés par le manque de moyens, la pression des impôts et l'ingérence administrative, les professionnels de la pêche appellent à l'urgence de négociations avec les pouvoirs publics pour trouver des solutions. Le secteur de la pêche connaît ces derniers temps des turbulences. La cause est imputée aux nouvelles dispositions que veut imposer le ministère de tutelle aux marins pêcheurs. La nouvelle loi en question contient, entre autres, des dispositions sur l'autorisation de la pêche, le contrat de travail ainsi que la limitation des zones de pêche. Ces nouvelles conditions de modalités de l'exercice de la profession sont perçues comme des contraintes qui risquent de pénaliser lourdement les marins pêcheurs et les armateurs. Ainsi, l'une des dispositions de cette loi propose «des sanctions pour ceux qui ne respectent pas les zones de pêche». De plus, les marins sont contraints de «déclarer à chaque fois les espèces de poissons pêchés» qui doivent être mentionnées impérativement dans le journal de pêche que détient l'armateur. Le fait notable est, sans doute, l'autorisation de pêche qui doit limiter les pêcheurs dans leurs activités. Une mesure bureaucratique qui «bloquerait toute initiative de rendement des pêcheurs», crie l'un des professionnels de la pêche à Alger. La liste des revendications et doléances des pêcheurs a été le détonateur d'une crise qui devait déboucher sur une grève illimitée des pêcheurs. Ces derniers ont demandé clairement le gel des dispositions qui concernent l'autorisation de la pêche, le contrat de travail, le livret professionnel et la révision des zones de pêche. En outre, les professionnels du secteur ont vite créé un comité qu'ils ont baptisé récemment Comité provisoire des professionnels de pêche (Cppp). C'est au port de Bouharoun, non loin de Tipaza, que ces derniers ont décidé de bien suivre l'évolution de la situation après avoir stoppé le mouvement de débrayage qui s'est poursuivi pendant une semaine. Le point noir qui a mobilisé ces professionnels réside dans le dossier administratif à fournir pour l'exercice de leurs activités. Ils ont donc demandé à l'autorité de tutelle «un allégement des pièces à fournir pour obtenir l'autorisation». Ce pour quoi d'ailleurs le ministère semble être d'accord. L'autre revendication qui semble se justifier est «l'allégement fiscal du droit fixe commercial et la révision de la taxe domaniale». Des impôts qui réduisent la marge des pêcheurs, déjà fragilisés par le manque à gagner durant la saison de pêche. En somme, les marins pêcheurs revendiquent «l'amélioration de leurs conditions de travail» surtout pour ceux qui ne disposent pas de ressources. Ces conditions doivent passer nécessairement par un soutien appuyé aux pêcheurs qui vont du financement des petits bateaux de pêche et de certains équipements pour la pêche en haute mer jusqu'à la baisse de certaines charges fiscales ou parafiscales qui les asphyxient.