Loisir n Sport, phénomène de société, «échappatoire» de la vie trépidante de la ville, la pêche à la ligne fait de jour en jour des émules et relève du décor de cette ville littorale. Du côté d'Errabta, un site préhistorique de l'antique Igilgili qui renferme des tombes puniques préservées par une sorte de grillage, ils sont nombreux à jeter «leurs appâts» dans les eaux d'une mer tantôt houleuse, tantôt calme invitant à un semblant de «nirvana». Ce site est constamment clairsemé de pêcheurs de tous âges, qui, munis de leur lignes, moulinets et cannes avec les accessoires nécessaires, offrent un décor de calme et de sérénité, appuyé par celui de la «grande bleue». D'autres plages, situées le long de la corniche jijélienne, offrent également le même spectacle de pêcheurs tenant en main leur ligne et faisant une sorte de communion avec la mer dont les vagues bercent et dorlotent l'esprit, fût-il turbulent. Mehdi, Amar et Nabil, des habitués des lieux, sont des mordus de la pêche à la ligne. Chacun avec son moulinet y va de sa manière de «jeter l'hameçon», mais avec le même but : celui de réaliser une prise pour ne pas rentrer bredouille. Ce trio d'amateurs fréquente le site de la cité des Frères Assous, chaque vendredi, pour au moins six heures d'affilée, face à la mer. «C'est un passe-temps et un sport», dira Nabil, fonctionnaire à la wilaya. Pour Mehdi, enseignant de son état, «pêcher à la ligne est une cure qui permet de prendre aussi un bol d'air iodé, plutôt que de végéter dans les cafés». «L'essentiel n'est pas d'attraper le poisson, mais d'être loin du vacarme de la ville». Debout ou assis sur des rochers ayant épousé des formes façonnées et modelées par le ressac des vagues, contemplant la mer et pointant un regard quasi fixe sur l'hameçon, ils guettent le moindre mouvement du dispositif lancé dans les eaux. Ils se servent de petites crevettes, de vers de rochers ou de vase (très prisés par les poissons), de sardines ou de crabes, comme appât. L'hameçon s'accroche parfois dans les crevasses des rochers et il faut refaire la même opération, le même geste. A quelques mètres, des mouettes blanches survolent les eaux et plongent rapidement leur bec pour attraper leur butin. Ces oiseaux sont une sorte d'indicateur incontournable quant à la présence de poissons dans les parages. Le soir, lorsque les lampadaires sont allumés, les amateurs de pêche à la ligne sont là jusqu'à une heure tardive de la nuit. «Le boulevard», comme on aime à l'appeler ici, est, en fait, le lieu de prédilection des visiteurs et promeneurs.