Défaillances n Des logements, les uns collés aux autres, des espaces exigus, un environnement dégradé, autant de réalités auxquelles viennent s'ajouter l'inexistence des services nécessaires pour une vie décente des citoyens et une image harmonieuse de la ville. Les responsables se sont, en effet, empressés de bâtir des habitations pour des milliers de citoyens dans le besoin, sans penser aux aspects de l'urbanité. Les événements tragiques de la décennie noire ont aggravé cette tendance des pouvoirs publics, sous la pression de l'exode rural qui s'est accentué durant les années de terreur. Il est tout à fait légitime que le citoyen, en situation d'urgence, ne cherche qu'à trouver un abri pour se préserver de la chaleur, du froid et surtout des dangers de l'insécurité, maître des lieux à cette époque, mais les autorités concernées ont aussi agi dans l'improvisation. Ainsi, des centaines d'agglomérations, qui ont été érigées dans nos villes en un temps «record», sont dépourvues de services indispensables pour une vie citoyenne digne de ce nom. Un nombre important d'entre elles est amputé d'établissements scolaires, de services sanitaires, de marchés publics, sans parler d'espaces de détente et de loisirs. Le constat est aussi plus alarmant, lorsqu'on sait que certaines de ces agglomérations sont dépourvues de décharges publiques, de réseaux d'assainissement des eaux usées, ce qui représente un danger permanent pour la santé des habitants et donne également une image hideuse de nos villes. Il faut dire aussi que le programme ambitieux engagé par les pouvoirs publics relatif à la construction d'un million de logements avant la fin du premier semestre de l'année 2006, c'est-à-dire la fin du second mandat du Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, n'est, pour le moment, pas accompagné d'une politique d'urbanité, estiment les spécialistes en la matière. «Si le million de logements est achevé de cette manière, le pays sera incontestablement confronté à un énorme problème relatif à l'aménagement des nouveaux espaces créés et leur dotation d'infrastructures, de services et des lieux de détente», ont estimé les directeurs de l'urbanisme des wilayas et les chercheurs ayant pris part à la journée d'étude organisée il y a quelques semaines à l'hôtel El-Riadh de Sidi Fredj sur les études lancées par le secteur de la ville. Il devient donc impératif de «réhabiliter» les villes actuelles par le lancement des travaux basés sur le concours des spécialistes et envisager des plans urbanistiques homogènes, rationnels et adaptés aux spécificités de chaque région pour donner à nos villes la place qui leur sied tant au niveau national qu'international.