Focus n Des photographies se déroulent comme un documentaire et révèlent la réalité de nos villes et villages, de notre environnement et reflètent le niveau de notre culture, dans une société pleine de contradictions. «Paysages urbains» est l?intitulé de l?exposition. Les photographies ? réalisées en couleurs et en argentique ? représentent des lieux où le paysage est essentiellement urbain : une zone industrielle ; un quartier d?affaires ; des habitations ; des chantiers et bien d?autres lieux spécifiques à la ville. Y figurent également des lieux vierges, des paysages ruraux. Ainsi viennent se mettre en spectacle deux décors bien distincts. Autrement dit : ces représentations se veulent un état des lieux d?un espace, autrefois rural et qui, suite à une urbanisation extensive, se transforme et change littéralement de configuration. Il revêt une nouvelle géographie, une nouvelle spatialité et une nouvelle esthétique. Ce sont l?acier, le verre ou le béton qui, désormais, définissent les nouveaux paramètres spatiaux. La démarche est simple : il est question, selon Frédéric Riedacker, de montrer ce qui est un espace rural, comment celui-ci se transforme lors de l?urbanisation et aussi comment ce processus d?urbanisation est continuellement en mouvement, en action. «Je développe un intérêt pour l?urbanisme», explique-t-il. Et d?ajouter : «Je travaille sur les lieux : des espaces urbains. Des lieux où les changements se font au quotidien. En fait, je travaille sur les transformations urbaines.» Cette représentation du décor urbain traduit un souci de montrer cette manière brutale ? et parfois douloureuse ? d?aménager un espace : l?espace, autrefois harmonieux, se mue en un lieu grossier, figé, triste, où la vie semble inexistante. Un lieu artificiel, impersonnel, froid et sans saveur. Ainsi, ces photographies se déroulent comme un documentaire, révèlent une réalité. D?abord le désaccord existant entre le paysage rural et le décor urbain, un déséquilibre de taille, créant ainsi ce qui peut être une dichotomie : le naturel et l?artificiel ; elles montrent ensuite comment l?espace urbain, censé être géométriquement harmonieux et coordonné, s?avère un lieu de dépersonnalisation et d?artifice. Même si Frédéric Riedacker insiste sur l?impartialité de ses photographies ? «il n?y a pas de regard critique, il s?agit seulement d?un constat», dit-il ? il se trouve cependant qu?elles véhiculent, malgré les intentions du photographe, un discours critique et ce regard sévère s?impose par lui-même. Puisque ce n?est plus l?aménagement de l?espace, mais plutôt sa défiguration, sa destruction.