Adaptation n Le Fleuve détourné raconte, dans un style à la fois de déraison et de dérision, l'histoire d'un revenant que tout le monde pensait mort lors d'une bataille entre l'ALN et l'armée coloniale. Le Théâtre régional de Béjaïa – à sa tête Omar Fetmouche – a retenu dans le cadre de la manifestation culturelle «Alger, capitale de la culture arabe», la mise en scène par Hamida Aït El Hadj du roman de Rachid Mimouni Le Fleuve détourné. La pièce, dont la générale est prévue pour demain au Théâtre national, se veut une adaptation libre du roman sans pour autant altérer la nature du texte. «Nous tenons, toutefois, à respecter l'âme et le contenu du roman», a déclaré, hier, Omar Fetmouche lors d'un point de presse qui a eu lieu au Théâtre national. Et d'ajouter : «Trois éléments essentiels, voire fondamentaux, nous intéressent et que nous respectons, à savoir l'esprit de l'auteur, la trame du récit et, enfin, ce que voulait Rachid Mimouni et ce, au-delà de son roman, voir, entendre et aimer vivre.» «Nous respectons donc l'œuvre mais tout en l'actualisant», a-t-il souligné. Pour sa part, Djamel Abdeli, assistant metteur en scène, a expliqué que la mise en scène du roman s'inscrit dans une composition scénique novatrice. Pour lui, il est essentiel de respecter le fil conducteur du récit sans toutefois faire entrave à un travail d'imagination et d'originalité. «Il y a des scènes qui sont ajoutées», a-t-il dit. Le Fleuve détourné, premier roman de Rachid Mimouni paru en 1982 aux éditions Stock, raconte, dans un style à la fois de déraison et de dérision, l'histoire d'un revenant que tout le monde pensait mort lors d'une bataille entre l'ALN et l'armée coloniale. Il revient dans un pays qu'il ne reconnaît plus, un pays pour lequel il a pris les armes pour chasser le colonisateur. La trame, qui emprunte par certains aspects à la pièce culte de Benguettaf et mise en scène par Ziani Chérif Ayad, Les martyres reviennent cette semaine, n'est que plus attendue pour vérifier comment Omar Fetmouche compte s'y prendre pour valoriser toute la charge symbolique de l'œuvre de Mimouni, loin des paraboles de Benguettaf. La distribution de la pièce est exhaustive : outre des comédiens, voire des habitués des planches, des noms de la chanson et de la musique fouleront, pour la première fois, les planches. Réda Doumaz, interprète de la chanson chaâbie, et Lotfi Double Kanon, un rapeur Bônois. «J'ai accepté ce rôle dans la pièce seulement parce que le texte est engagé», a expliqué Lotfi, ajoutant que «le texte contient un double message : dénoncer et faire en sorte que les gens qui nous voient et nous écoutent se fassent interpeller par ce que nous dénonçons.» Quant au directeur du Théâtre régional de Béjaïa, Omar Fetmouche, il a dit : «Si nous avons choisi des chanteurs, c'est seulement pour dire que le théâtre ne se limite pas uniquement à des comédiens, donc à des gens du métier. Le théâtre est ouvert à tout le monde.»