Scandale L?affaire Ioukos, véritable séisme politique, risque sérieusement d?entamer la crédibilité de Vladimir Poutine. La saisie d'un important paquet d'actions du géant pétrolier Ioukos dont le patron, Mikhaïl Khodorkovski, est en prison depuis une semaine, a renforcé les craintes de nationalisation des grandes sociétés, d'un durcissement du contrôle sur l'économie et de changement du régime politique. L?opposition à cette mesure est venue même de l?intérieur du pouvoir russe. Le Premier ministre russe Mikhaïl Kassianov a critiqué, vendredi, la saisie, la veille, des actions du pétrolier Ioukos et l'arrestation de son patron Mikhaïl Khodorkovski, confirmant, en s'opposant au président Vladimir Poutine, qu'un conflit politique faisait rage au sein du pouvoir russe. En même temps, cette décision suscite la réprobation des milieux internationaux. Ainsi les Etats-Unis ont estimé vendredi que la Russie risquait désormais d'effrayer les investisseurs étrangers. La campagne politico-judiciaire contre le premier groupe pétrolier a atteint son paroxysme jeudi. Le parquet russe a saisi 44% des titres de Ioukos poussant la presse et les analystes les plus prudents à crier à la redistribution des richesses. En même temps, le président Vladimir Poutine a accepté la démission du puissant chef de son administration Alexandre Volochine, un libéral proche du grand capital russe en désaccord avec les développements de l'affaire Ioukos. Selon Evguéni Lassine, économiste libéral réputé, les actions de Ioukos peuvent être vendues «sous un prétexte spécieux» et se retrouver entre les mains de ceux qui ont lancé l'offensive contre Ioukos, c'est-à-dire d'anciens des services de sécurité dans l'entourage du président Poutine, lui-même ex-agent du KGB. Le parquet russe a motivé jeudi la saisie des titres détenus par deux sociétés enregistrées à l'étranger, mais considérées par les enquêteurs comme appartenant à Khodorkovski par la nécessité de «garantir la compensation des préjudices financiers» causés par ce dernier, inculpé d'escroquerie et d'évasion fiscale. Pour de nombreux commentateurs, l'affaire Ioukos a prouvé que le président Poutine, ayant longuement man?uvré entre les «libéraux» et les «tchékistes» (anciens des services spéciaux), a finalement choisi son camp.