Résumé de la 5e partie n Tout le village sait que Franco Garibaldi a une maîtresse, mais aurait-il voulu pour autant éliminer son épouse ? Un délire de persécution et de paroles aussi. Lorsqu'il commence une phrase, difficile de l'arrêter. — Cette femme, bien gentille, adorable... mais stupide, elle avale tout, je vous l'ai dit, il pourrait lui amener une maîtresse à dîner, elle croirait sur sa parole que c'est une amie rencontrée par hasard, et qu'il n'a pas revue depuis des années... mais à propos... j'ai vu l'installation dans la cuisine... et on m'a dit que le coup avait été tiré trop haut...; ce n'est pas elle qui était visée alors... mais le mari... Le commissaire profite d'une respiration pour couper le fleuve de paroles : — Justement ! Si nous en parlions. Qui aurait voulu tuer Franco Garibaldi ? Vous ? — Comment, qu'est-ce que vous dites, moi ? — Il vous a flanqué à la porte ! — Ah non... ah non... il ne m'a pas flanqué à la porte, il a dit à sa femme que je l'énervais ! Vous vous rendez compte ! Moi, je l'énerve, mais qu'est-ce que j'ai pu faire pour l'énerver, hein ? — Vous occuper de ses affaires privées, par exemple, et qui ne vous regardent pas... Pourquoi êtes-vous sûr que c'est lui que l'on visait ? — Oh c'est simple, très simple, une déduction... issue de l'observation la plus élémentaire... Le matin madame Garibaldi est chez elle, ou alors elle sort pour aller faire des courses. Dans ce cas, elle prépare le déjeuner, puis vers midi elle va chercher son fils à l'école. Pendant ce temps, le père arrive, le premier pour le déjeuner, et le fils aîné en dernier... A propos du fils d'ailleurs, vous savez qu'il travaille chez un armurier ? — Je le sais... mais vous en savez sûrement plus ? — Il est apprenti chez le commendatore Allegranti. C'est une tête de linotte vous savez... un môme... Il ne fait pas son âge... Je ne vois pas pourquoi il aurait voulu tuer sa mère ou son père... Immature complètement cet enfant. Le père a bien du mal avec lui mais il l'aime beaucoup... à cause du tir, toujours les armes à feu... brr... quelle horreur. Ils sont copains là-dessus, ils s'exercent ensemble. Tous les dimanches matin, on est réveillés par des détonations étouffées... Ils ont installé un stand dans leur cave, et ça tire, ça tire... des obsédés... D'ailleurs quand j'ai entendu le coup de feu, ça m'a frappé, ce n'était pas dans la cave, j'ai bondi ! Comment peut faire cette boule ronde et molle pour bondir ? Comme ses chats sans doute... — Que faisiez-vous ce matin ? — Un alibi ? C'est ça ? Vous me demandez un alibi à moi. . . comme si j'étais un criminel supposé, un assassin. — Vos horaires, et qu'on en finisse ! — C'est simple. J'ai un pédicure qui vient tous les lundis matin... je souffre abominablement de cors sous les ongles. Il est arrivé à neuf heures, il est reparti à onze heures... Et avant cela, j'ai une femme de ménage, elle vient tôt, je n'ai pas bougé d'ici... vous pouvez vérifier... Giancarlo vous dira qu'il a eu du mal, surtout avec le pied gauche, regardez... Et la boule molle d'exhiber des doigts de pied tout aussi boudinés, ornés de tampons de coton, vernis, roses… Le commissaire abandonne le voisin. A ses angoisses, ses fantasmes, ses doigts de pied et ses chats. Pas le genre à tuer de cette manière. Mais Oscar... Oscar est plus passionnant à entendre. Oscar est rentré d'ailleurs, plus tôt que d'habitude. Il est là, assis sur le perron, avec son regard de bébé, son air candide, ses lèvres sans moustaches. Seize ans... Qui le croirait, avec ses joues de bébé, rondes et lisses ? Il y coule des larmes. Oscar paraît très affecté par le drame dont sa mère vient d'être victime. (à suivre...)