Résumé de la 2e partie n Mais quel membre de la famille Garibaldi veut-on cibler par le biais de ce piège qui fonctionne au premier mouvement de la porte ? La porte se referme, et tandis que le nez du chien se plisse d'une déception habituelle, le coup part. Presque à bout portant, et si violent qu'il rejette en arrière Yosépine, touchée au-dessus de l'épaule gauche. La détonation fait vibrer les verres et la vaisselle empilés dans les placards, résonne dans le silence de la maison déserte, et fait bondir le chien au-dehors, et se dresser ses oreilles. La balle est ressortie à travers l'omoplate pour aller se nicher dans le mur. Yosépine s'effondre sur le carrelage bleu et scintillant de soleil, où coule lentement un petit filet de sang vermeil. Le silence s'installe. Puis le chien vient renifler la porte, gratter, grogner, aboyer. Il a conscience du drame, il court dans le jardin en aboyant, et croise un voisin qui, inquiet du bruit de la détonation violente, et de l'agitation du chien, appelle aussitôt police-secours. L'ambulance arrive très vite, ainsi que le commissaire Anselmi. Un autre type de Lombard, ce commissaire Anselmi. Une ombre silencieuse, discrète, en pantalon gris et blazer bleu, le cheveu gris, la cravate club, long et maigre, il marche souplement sur la pointe des pieds comme s'il ne voulait déranger personne. Elégant, racé, Milanais jusqu'au bout des ongles, malin. Le commissaire Anselmi courbe sa haute taille sur la civière où Yosépine a repris connaissance. Mais le choc l'empêche de parler trop. Elle répète pour la deuxième fois au commissaire, d'une petite voix essoufflée : — Je ne sais pas... je ne sais pas... qui a voulu me tuer. Yosépine n'a effectivement aucune idée sur l'identité de l'agresseur. Elle n'a même pas vu le dispositif. Elle n'a vu personne et dans sa vie de petite épouse bourgeoise, il n'existe pas, à sa connaissance, d'ennemi décidé à la tuer. C'est inconcevable. Le commissaire Anselmi laisse partir la civière et pénètre dans la cuisine à nouveau, pour examiner le bricolage ingénieux et criminel qui vient de blesser Yosépine. Blessée seulement c'est une chance... Il n'a jamais vu ça, le commissaire Anselmi, et Dieu sait pourtant que dans la vie d'un policier, les astuces des criminels sont stupéfiantes. Une de plus. C'est alors qu'il découvre un élément passé inaperçu. Une enveloppe, probablement tombée à la suite de la déflagration. Elle est visible sous un pan de la nappe qui recouvre la table de la cuisine. C'est une simple enveloppe contenant une feuille de papier, sur laquelle est écrit : «J'espère que ça a réussi ! Tu nous as assez emmerdés avec ton autorité ! Si c'est réussi, Mort ! Mort ! Mort !» L'écriture est contrefaite volontairement, et le texte, éminemment littéraire, a dû être écrit à la va-vite, sans que l'auteur y apporte beaucoup de réflexion. Le commissaire Anselmi fait le tour de la maison et choisit d'attendre le père de famille au salon. Il ne saurait tarder, le voisin ayant précisé qu'il rentrait vers midi et quart. Effectivement, vers midi et quart, Franco Garibaldi arrive à la hauteur de sa maison, immédiatement affolé par la présence d'une voiture de police et le commentaire du voisin. Il fait une entrée brutale dans le salon design, en criant : — Où est-elle ? Comment va-t-elle ? La longue silhouette maigre du commissaire se déplie, à partir du canapé trop bas, pour se retrouver face à Franco Garibaldi. Il le regarde tout d'abord sans répondre, quelques secondes. Il aime bien examiner le visage des suspects en silence, lorsqu'il les voit pour la première fois. Pour se faire une idée. Or, Franco est un suspect. Forcément, puisqu'il habite cette maison, et que seul un familier de cette maison a pu mettre au point un dispositif de ce genre. (à suivre...)