Résumé de la 10e partie n La femme qui a mangé voracement la viande des bénévoles l'a remplacée par celle de son fils qu'elle n'a pas hésité à immoler. La mère sourit à la remarque de son époux, Aïcha, elle, a beaucoup de peine à retenir ses larmes, car cette viande «tendre et délicieuse» dont se sont régalés les ouvriersest la chair de son petit frère Ali. Sa mère remarque sa tristesse. — Toi, lui dit-elle, en colère, ne reste pas là sans rien faire ! Prends le plat où ont mangé les ouvriers et va le laver à la rivière. Jette les os aux chiens, ils s'en régaleront ! La fillette obéit. Elle va à la rivière et lave, en pleurant, la terrine. Elle récupère les os de son petit frère, mais au lieu de les jeter aux chiens, comme le lui a ordonné sa mère, elle les lave et les enveloppe dans un pan de sa robe, puis entre à la maison. Avant d'aller retrouver ses parents, elle creuse un trou et y cache les os. Son père est satisfait de la journée, il est surtout content que les ouvriers qu'il a fait venir aient apprécié le repas qu'il leur a servi. Ils feront son éloge et il passera dans toute la région, pour un homme généreux. En apercevant Aïcha, il se rappelle son fils. — Où est donc ton petit frère ? lui demande-t-il — Je ne l'ai pas vu, dit la fillette — Comment, dit le père inquiet, je croyais qu'il était avec toi ! Il se retourne vers sa femme. — Et Ali, demande-t-il, il n'est pas rentré déjeuner ? — Si, dit la femme, il m'a fait part d'aller rendre visite à ses oncles ! — Il est parti seul, aussi loin ? — Son oncle maternel est passé, il l'a emmené... Il le ramènera demain. Le père ne dit rien. Il aurait aimé que sa femme lui demande son avis, mais comme c'est chez ses oncles maternels que son fils s'est rendu, il ne trouve rien à redire. Le lendemain, de bonne heure, Aïcha sort de la maison et va déterrer les os de son frère. Elle les caresse, les embrasse et se met à pleurer. — Mon pauvre petit frère, voilà donc tout ce qu'il reste de toi... Un petit tas d'os. Ma mère t'a égorgé, t'a coupé en morceaux et les ouvriers bénévoles t'ont mangé ... Quant à moi, je n'ai fait que récupérer tes os ! Elle caresse de nouveau les os et comme ils ont passé la nuit, enfouis dans le sol, ils sont couverts d'humidité. — Pauvres os, comme vous devez avoir froid ! Elle les prend aussitôt et monte les étendre sur le toit de la maison. Là, les chiens ne pourront pas les atteindre et ils sécheront... Elle retourne à la maison, plus triste que jamais. Elle ne touchera pas au petit-déjeuner que sa mère lui sert. Elle pense trop à son petit frère. Pauvre Ali, il a été égorgé par sa propre mère et servi comme repas à des ouvriers bénévoles ! (à suivre...)