Résumé de la 9e partie n La femme qui a goulûment mangé la viande qu'elle préparait pour les ouvriers bénévoles n'a pas trouvé mieux, pour la remplacer, que d'égorger son propre enfant. La petite fille demande en tremblant. — Où est Ali ? — Ton frère n'est pas encore rentré, dit sa mère. — C'est bien sa gandoura que tu tiens là ? — C'est sa vieille gandoura, voilà longtemps qu'il l'a abandonnée ! — Et ce sang ? — C'est le sang de la viande que ton père a achetée pour les ouvriers bénévoles ! Comme la fillette allait poser une autre question, sa mère la foudroie du regard. Elle saisit le couteau et le lui montre. — Arrête de m'interroger et viens plutôt m'aider... Le couteau et surtout le regard de sa mère la dissuadent de faire part de ses soupçons. Son petit frère est mort et elle risque de subir le même sort que lui si elle parle. La mort dans l'âme, elle va donc aider sa mère. Celle-ci a mis la viande dans la marmite et, comme elle est fraîche et tendre, elle ne tarde pas à cuire... Peu après le père arrive et appelle sa femme. — Le repas est-il prêt ? — Oui, dit-elle Elle lui présente la terrine de couscous, garnie de morceaux de viande. — Cela a l'air appétissant ! — Oui, dit l'épouse, régale tes ouvriers... Ils vanteront pendant longtemps le couscous qu'ils auront mangé ! Comme les morceaux de viande sont trop gros, il les coupe en morceaux plus petits, puis il emporte le plat, recouvert d'un drap. Aïcha, elle, la mort dans l'âme, pense à son petit frère. — Pourquoi Ali ne rentre-t-il pas ? finit-elle par demander à sa mère. — Il doit être en train de jouer avec les enfants de son âge. — Je vais aller le chercher ! dit Aïcha. Mais si elle sort de la maison, c'est pour pleurer son malheureux frère parce qu'elle sait que sa mère l'a égorgé et qu'elle a mis sa chair à cuire dans la marmite. Et elle ne peut en parler parce que sa mère, qui a tué son frère, n'hésiterait pas à la tuer à son tour pour la réduire au silence. A la fin de l'après-midi, le père revient avec la terrine : les ouvriers l'ont vidée, il n'en reste, au fond, que les os. — Alors, demande sa femme, comment tes ouvriers ont-ils trouvé mon couscous ? — Ils disent n'en avoir jamais mangé de pareil ! — Et la viande, comment était-elle ? — Ils l'ont trouvée tendre et délicieuse. Ils m'ont tous dit de féliciter celle qui a préparé un repas aussi succulent ! (à suivre...)