Résumé de la 14e partie n Le personnage de l'ogre est très répandu dans les contes. C'est le ghoul, l'amza et le waghzen de la tradition algérienne. Le personnage de l'ogre est sans doute l'un des plus anciens de la littérature universelle. En tout cas, son image, à la fois géant redoutable et anthropophage cruel, apparaît dès l'antiquité méditerranéenne. C'est d'abord le mythe de Chronos (ou Kronos), un dieu dont le mythe est placé sous le signe de la haine. Son père, Ouranos, ne veut pas laisser naître ses enfants, qu'il maintient de force dans le ventre de leur mère, Gaïa. Chronos aide Gaïa à se venger, en tranchant les testicules d'Ouranos et en les jetant dans la mer. Plus tard, Chronos lui-même, à qui on a prédit qu'il sera renversé par ses enfants, les élimine à leur naissance, en les dévorant. Tous ceux qu'il engendrera subiront ce sort, à l'exception de Zeus, le futur roi des dieux, que sa mère sauve en langeant une pierre et en la donnant à dévorer au père vorace. Zeus, élevé par une chèvre, sur une île déserte, hors de la portée de Chronos, revient plus tard pour renverser son père et prendre sa place dans l'Olympe. Un autre personnage antique qui semble avoir eu l'apparence et le comportement de l'ogre est cette fois-ci africain et même berbère, puisqu'il s'agit du géant Antée. Les Grecs faisaient de ce personnage bien de chez nous, le fils de Poséidon, dieu de la mer (un autre personnage africain) et de la Terre. C'était un géant, mais un géant malfaisant dont la principale occupation était de guetter sur les routes les étrangers de passage, de les voler et de les faire périr ensuite. Toujours selon la légende, il était d'une force extraordinaire et, à chaque fois qu'il posait le pied sur le sol ou tombait, il devenait plus fort, étant ainsi pratiquement invincible. Les dieux, outrés par son arrogance et sa méchanceté, ont chargé Hérakles (Hercule), de le mettre hors d'état de nuire. Les deux hommes se rencontrent et Antée était sur le point de l'emporter quand Hercule a eu l'idée de le soulever et de le maintenir hors du sol, en l'étouffant dans ses bras puissants. Les Anciens croyaient réellement qu'Antée avait existé. On a situé le cadre de ses aventures dans différentes régions du Maghreb avant de le fixer à Tingi, l'actuelle Tanger. C'est en effet là, selon la tradition, que se trouvait le temple de Poséidon où Antée déposait les crânes des gens qu'il tuait. Au premier siècle de l'ère chrétienne, on pouvait encore voir, selon le géographe latin Pomponius Mela, un bouclier géant en peau d'éléphant qui aurait appartenu à Antée. Plutarque rapporte qu'au cours de son séjour en Afrique, le général romain Sertius a fait ouvrir une tombe gigantesque qu'on lui a dit être celle d'Antée. Il y a trouvé les restes d'un géant et, craignant d'offenser le mort, il a remis la tombe en place et fait un sacrifice en son honneur pour ne pas l'offenser. Depuis, on a cru reconnaître dans le mausolée libyco-berbère de Mçora, dans la région d'Arzila, entre Larache et Tanger, le tombeau d'Antée. Le mausolée est un énorme tumulus constitué d'un tertre et d'un cercle de monolithes : le mausolée est suffisamment grand pour recevoir un corps de géant, mais les fouilles, entreprises dès 1935, n'ont pas livré de restes humains. (à suivre...)