Alors que la menace plane de nouveau sur plusieurs pays notamment d'Europe et d'Afrique, l'Algérie est, jusqu'à présent, épargnée. Cependant le dispositif de veille a été réactivé particulièrement aux frontières. La menace de la grippe aviaire plane-t-elle à nouveau sur l'Algérie ? La remobilisation des troupes veut-elle dire que le H5N1 est à nos portes et que le risque est de plus en plus grand ? Le directeur des services vétérinaires au ministère de l'Agriculture évoque plutôt un souci de prévention. Pour preuve, il fera savoir que depuis octobre 2006, période de réactivation du dispositif contre la grippe aviaire, 800 prélèvements ont été effectués. «Ils se sont tous révélés négatifs», a rassuré Rachid Boughedour, ce matin sur les ondes de la Chaîne III, tout en rappelant que pour l'année dernière, il y avait eu, en tout, 3 050 prélèvements. Il affirmera qu'«aucun foyer de grippe aviaire n'a été détecté en Algérie». Outre les 1 400 vétérinaires mobilisés, l'intervenant citera «l'implication des forestiers et des praticiens vétérinaires dans cette politique de prévention pour laquelle une enveloppe de 280 millions de dollars a été dégagée par l'Etat, l'année dernière».Cet argent aura permis, selon lui, d'outiller les laboratoires pour avoir des tests rapides en 20 minutes, d'acheter des véhicules pick-up pour les équipes qui sortent sur le terrain et de renforcer enfin les moyens de protection. Le Sud, de même que le Nord, est concerné par ce dispositif. «A Aïn Guezzam ou Tinzaouatine, nos équipes travaillent d'arrache-pied», affirme M. Boughedour qui rappelle que des prélèvements ont été faits sur des oiseaux migrateurs à Tamanrasset et Adrar. La seule différence entre le Sud et le Nord, reconnaît ce responsable, c'est que dans le Sud «il n'existe pas de commerce des intrants avicoles». Si en terme de prévention, M. Boughedour pense que «l'Algérie est bien outillée», il n'omet pas de signaler, en revanche, l'urgence «d'une vigilance accrue surtout dans les zones humides». «Il faut surtout être sûr que les oiseaux migrateurs ne se mêlent pas aux oiseaux d'élevage», prévient-il. Selon lui, le risque pouvant émaner du commerce est totalement écarté. Comme explication, il fera savoir qu'«on n'importe pas de volaille. L'importation concerne uniquement des intrants avicoles à partir de pays qui sont officiellement indemnes». L'orateur, qui rappelle, dans la foulée, que le confinement de la volaille est toujours de vigueur, insiste sur cette pratique qui doit se faire «au moment où les oiseaux migrateurs arrivent». Au sujet de la présence de risque dans les élevages traditionnels, le spécialiste signalera que cet élevage «ne pèse pas lourd devant l'élevage industriel qui détient 98% de la production nationale de la viande blanche, estimée annuellement entre 300 000 et 350 000 tonnes annuelles». Abordant, enfin, les implications économiques de «la phobie médiatique de la grippe aviaire» dont les conséquences se chiffraient, l'année dernière, à des pertes estimées à quelque 30 millions de dollars, selon des économistes, M. Boughedour rassure que «la consommation devra connaître des pics dans les mois à venir» et que cette année «on ne devra pas vivre la même situation que celle de l'année dernière».