Alors que la menace plane de nouveau sur plusieurs pays européens et africains, l'Algérie est jusqu'à présent épargnée. Les 800 prélèvements qui ont été effectués sur les oiseaux à travers le territoire national, se sont tous avérés négatifs. 3646 visites d'inspection ont été opérées par les équipes de contrôle de la Direction de l'agriculture de la wilaya d'Alger durant l'année 2006, dans le cadre du plan d'urgence et de propagation du virus de la grippe aviaire au niveau des zones humides et des élevages avicoles. 249 prélèvements subis par des oiseaux qui «colonisent» la wilaya d'Alger, ont donné des résultats négatifs. Voilà de quoi rassurer les populations. Les services du ministère de l'Agriculture ont confirmé la réactivation du plan de veille au niveau national pour parer à toute éventualité de contamination des élevages de volailles par l'arrivée d'oiseaux migrateurs. «Le plan d'urgence, initié en Algérie en janvier 2006, a été allégé en juin, en raison de la baisse des flux migratoires», a déclaré M.Yahia Noui, inspecteur vétérinaire de la wilaya d'Alger. Le plan se trouve ainsi relancé depuis octobre 2006. Il est vrai qu'un appel à la vigilance a été lancé depuis l'apparition de nouveaux foyers du virus H5N1 de la grippe aviaire en Egypte, au Nigeria et actuellement en Turquie. 1400 vétérinaires fonctionnaires sont mobilisés pour parer à toute éventualité de contamination des élevages de poulets ou autre type de volaille. Les forestiers et les vétérinaires praticiens sont, eux aussi, sur le qui-vive et activent pour leur part surtout au niveau de la faune sauvage et des zones humides. Le plan de veille mis en place par les services du ministère de l'Agriculture semble, pour le moment, bien fonctionner mais il devrait cependant s'orienter vers une campagne de sensibilisation pour le rendre plus performant. «Des sessions de formation ont été organisées en faveur des vétérinaires relevant de la Direction de l'agriculture de la wilaya d'Alger, en vue de les familiariser avec la nouvelle technique de détection du virus de la grippe aviaire en un temps très court ne dépassant pas les 30 minutes.» Une véritable mise à niveau, comme l'a fait remarquer M.Noui. Les zones à haut risque font preuve d'une vigilance à toute épreuve. Le Lac de Réghaïa, la zone humide de Zéralda et le parc zoologique de Ben Aknoun sont l'objet d'une surveillance accrue et d'inspection où la rigueur est de mise. Des campagnes de sensibilisation ont été menées, par ailleurs, en direction des élèves dont les écoles jouissent d'une proximité de lieux extrêmement sensibles, tels que les points d'eau en procédant à la distribution de dépliants expliquant le processus de transmission du virus de la grippe aviaire à l'être humain. Par ailleurs, les éleveurs traditionnels ont été invités à bien isoler leurs fermes afin de se protéger de toute «agression» extérieure. Déceler les lieux d'abattage clandestins semble cependant ce qui donne du fil à retordre aux services chargés de l'application du plan de veille et leur fait craindre le pire. Malgré les assurances de l'Organisation mondiale de la santé quant à la mutation du virus, H5N1 dans sa forme la plus virulente, les risques du danger d'une éventuelle pandémie qui transmettrait le virus de la grippe aviaire d'humain à humain n'est pas à écarter. La variété des souches au nombre de 15, dans leur forme la plus virulente, à savoir le H5N1 et le H7, sont réputés pour leurs effets ravageurs sur les volailles, mais cela n'exclut pas non plus les mêmes conséquences désastreuses sur l'homme. Des centaines de millions d'oiseaux ont péri depuis l'apparition du fléau et occasionné 165 décès humains, selon l'OMS. Le H5N1 aura prouvé ainsi sa capacité dévastatrice. La communauté scientifique est mise face à un nouveau défi à défaut de faire planer le risque de voir se décimer une partie de la population mondiale, particulièrement celle des pays les plus démunis, la plus vulnérable.