Phénomène n Des chiffres alarmants laissent craindre le pire pour cette frange de la population, d'où l'urgence de lois efficientes, affirme un spécialiste. «Il faut instituer aujourd'hui un véritable ministère de l'Enfance parce que l'enfant est divisé entre seize ou dix-sept ministères et chaque structure essaye de faire quelque chose, mais il existe un chevauchement de prérogatives qui ne mène à rien et finalement le grand perdant reste l'enfant.» L'appel du président de la Forem est pressant face aux chiffres et statistiques : 18 000 petits délinquants arrêtés en 2006, 20 000 enfants dans la rue, 1 000 000 d'enfants qui travaillent dont 700 000 ne vont pas à l'école. «A la lecture de ces chiffres, on remarque l'absence de l'autorité parentale. Ce sont parfois les parents qui encouragent leurs enfants à aller travailler. Le deuxième problème demeure la déperdition scolaire alors que le troisième accroc reste l'immaturité de l'enfant. Et c'est cet ensemble de facteurs qui concourt à l'émergence de cette situation», regrette Mustapha Khiati qui est intervenu ce matin sur les ondes de la Chaîne III. L'intervenant, également à la tête de l'Observatoire national de la protection de l'enfance, plaide surtout pour «un code de l'enfance qui regroupe toutes les lois, de par la complexité du débat». Dans ce registre précis, il fera savoir que «l'enfance, malgré les efforts entrepris çà et là, reste le parent pauvre de l'effort social des différentes structures de l'Etat». Installé, il y a 18 mois, l'observatoire s'est assigné un certain nombre d'objectifs. En terme de production, celui-ci a réalisé plusieurs enquêtes qui concernent les enfants, plusieurs séminaires et a également publié des travaux de recherche en la matière. Cependant sa vie reste suspendue à des moyens qui, aujourd'hui, font cruellement défaut. «L'observatoire ne bénéficie d'aucune aide de l'Etat. Il ne vit que par l'apport des mécènes et à l'action bienfaisante de certaines entreprises privées», reconnaît M Khiati. A propos de la loi sur la protection de l'enfance en préparation au ministère de la Justice et censée passer à l'APN avant la session d'été, le président de la Forem avouera que «pour des raisons qu'on ignore, le dossier d'une loi sur la protection des enfants n'a pas été transmis à l'APN. Il n'est passé ni au Conseil des ministres ni à l'APN, on devra donc attendre quelques mois, sauf si cela intervient par ordonnance». L'intervenant déplore aussi le fait qu'il n'existe pas un réel consensus sur le projet dont les grandes lignes ont été divulguées par le ministre de la Justice.