Résumé de la 5e partie n La femme de «Gourdillon» déclare naïvement que le jour du crime son mari n'a pas quitté la maison puisqu'il a reçu son amante. Voilà... Vous pouvez aller dormir tranquille, vous n'avez tué personne. — Ah vous ne me croyez pas ? C'est trop fort ! Alors allez voir à Rome... J'ai emmené sa tête là-bas, je l'ai jetée dans le Tibre... C'est Michel qui me l'a conseillé. Le secrétaire se bouche les oreilles. Puis appelle un gardien : — Mettez-moi ça au frais, il me rend dingue. Deux heures passent. Le secrétaire a eu son sandwich, les prostituées ont été évacuées sur Saint-Lazare, les voleurs à la tire vont passer devant le juge. Il règne au commissariat un calme relatif lorsque le téléphone sonne sur le bureau du secrétaire. C'est la Police judiciaire de Lyon. — Vous avez toujours le dingue aux lapins ? — Hélas oui... — On vient de tomber sur un avis de recherche... Une jeune femme, prénom Carlotta, résidant à Rome, a disparu depuis quatre jours, après un voyage à Lyon... La maîtresse de votre dingue, c'est bien Carlotta ? Cette fois, Pietro Pizzani et son histoire de fous et de lapins ont droit au commissaire. Le petit homme s'installe sur la chaise, en face du commissaire, sa valise à ses pieds. — Vous êtes le commissaire ? — En effet. Pietro Pizzani a un soupir de satisfaction. Il est enfin à pied d'œuvre. Le commissaire, lui, observe le regard vif, les yeux mobiles du Napolitain. Un regard étrange, dérangeant. — Alors, vous auriez tué votre maîtresse Carlotta... et où avez-vous caché le cadavre ? — ?a je ne peux pas le dire. — Pour quelle raison ? — Je ne veux pas que l'on ennuie Michel. Mais je l'ai déjà dit, vous pouvez retrouver sa tête à Rome, je suis allé là-bas la jeter dans le Tibre. — Vous pouvez préciser l'endroit ? — Bien sûr, je vais vous faire un plan... Il esquisse un croquis, indique les noms des lieux, précise l'endroit. Le commissaire transmet à Rome directement. Sans parler des lapins, le télex est déjà assez compliqué. Pietro Pizzani retrouve sa cellule en attendant que les hommes-grenouilles, là-bas à Rome, explorent le fond du Tibre. Le commissaire craint bien d'être ridicule et d'avoir mobilisé pour rien ses collègues italiens. Mais... Carlotta est portée disparue depuis quatre jours... et si sa tête se trouvait dans le Tibre ?... Elle s'y trouve. Identification faite, il s'agit de Carlotta Gallerate, trente-huit ans, une tête ficelée dans un sac alourdi d'une pierre. Retour de Pietro Pizzani dans le bureau du commissaire : — Alors ? Où est le corps ? — Je ne peux pas le dire. Il fatigue, ce petit homme. Il fatigue... Mais un policier doit forcément s'adapter au tempérament du criminel interrogé, sinon, il taperait dessus avec son encrier, ce qui n'est pas du tout une solution. — D'accord, Pizzani. Alors racontez-moi comment vous l'avez tuée. Il raconte, et un sténo prend note de sa déposition, toujours surréaliste. — Ce jour-là, j'étais assis sur le toit de mon immeuble, et je prenais un bain de pieds dans la gouttière (!) Le soleil déclinait derrière le clocher de Notre-Dame de Fourvière, j'ai décidé alors de rentrer chez moi en passant par la lucarne de la chambre des lapins. Je passai devant la cage de Michel et le saluai. Michel est le plus ancien et le plus gros de mes lapins. C'est le roi de mes lapins en quelque sorte. Et comme tous les lapins, il communique directement avec l'au-delà. Il suffit de pouvoir les comprendre... Vous pensez peut-être que les lapins sont bêtes, mais je vous arrête, car c'est à la fois vrai et faux... les lapins… (à suivre...)