Témoignage n Le réalisateur évoque dans son film les événements de Hassi Messaoud, qui ont eu lieu en 2001. Ould Saïd Khelifa, cinéaste, brise le tabou. Il lève le voile sur ce que la société cherche, en prétextant traditions et us religieux, à camoufler, à ignorer et à rejeter. Vivantes, un film projeté, hier en avant-première, à la salle Ibn Zeïdoun, retrace un combat de femmes, un combat pénible et de tous les obstacles, celui de leur droit à la justice sociale – et aussi à l'égalité des sexes. Ce combat de tous les défis est montré à travers le personnage de Selma (Rym Takoucht) qui, en dépit des interdits, s'emploie à lutter pour son droit à vivre comme telle, c'est-à-dire comme femme et ne pas avoir honte de l'être. Le réalisateur, Ould Saïd Khelifa, évoque dans son film les événements de Hassi Messaoud, qui ont eu lieu en 2001. Il raconte ces femmes violentées et violées par un groupuscule d'extrémistes dans un quartier de bidonvilles près de la base pétrolière. Selma fait partie de ce groupe de femmes. Elle est victime – parce qu'elle est femme – d'un complot mené contre sa personne. Ayant survécu à ce drame, Selma, venue au Sud comme tant d'autres chercher du travail, retourne à Alger, vidée et amoindrie par la société : son frère lui interdit le domicile familial. «Tout le monde sait ce qui t'est arrivé», lui dit-il. Et d'ajouter : «Tu es déshonorée et tu nous as déshonorés. Tu n'as plus rien à faire ici, n'y reviens plus, ne mets plus les pieds ici.» Seule, elle est vite recueillie par une association qui va l'aider – ainsi que d'autres victimes du même drame – à réclamer justice. En attendant que la justice prononce son verdict, Selma essaie de reprendre goût à la vie, de retrouver le sourire dans une société qui lui refuse le droit de témoigner de sa tragédie, de se dire en tant que victime. Certaines femmes ont préféré se taire, observer un silence lâche de crainte d'attirer le regard de la société, regard accusateur, répressif, regard inquisiteur. Elles ont préféré garder le silence, se cacher parce que la société leur a fait croire qu'elles étaient coupables et non victimes. Mais d'autres, courageuses et déterminées, ont fait preuve de constance et de ténacité et sont allées jusqu'au bout. C'est le cas de Selma qui n'avait plus rien à perdre ayant perdu ce qu'elle avait de précieux : son honneur. Le film, même s'il présente quelques lenteurs et lourdeurs au plan de la mise en scène et donc du jeu, reste néanmoins un hymne au combat de toutes ces femmes «au corps empli de larmes» et qui œuvrent à «recomposer le présent qui a volé en éclats (…) afin de ne pas oublier l'avenir».