Référence n Loukila Z'hor, qu'on prénommait «Lalla Z'hor», a actuellement 84 ans. C'est la première femme à avoir eu l'initiative d'installer des «délalate» à Sidi Belaïd. Elle y vivait avec son défunt mari, le chahid «Si El Bachir Driouèche» le «oukil» de Sidi Belaïd qui avait pour fonction, avec sa femme, de surveiller le mausolée et veiller à la bonne organisation des visiteurs et à la répartition de la charité qui leur parvenait les samedis et les mercredis et qui était destinée aux pauvres et aux malades. «En 1958, dit Lalla Z'hor, après la disparition de mon mari, tombé au champ d'honneur en 1956, je devais faire vivre mes huit enfants, car mon mari ne m'avait rien laissé sauf l'honneur et le respect», dira-t-elle. Les visiteurs, selon lalla Z'hor, ne cessaient de lui réclamer de poursuivre le chemin de son mari et maîtriser ainsi la bonne organisation des visiteurs de Sidi Belaïd (la wâada et la sadaka), qui devaient être partagées de façon équitable. «Même ma mère, avec qui je vivais à Koléa, m'a poussée à y aller», reprendra-t-elle, surtout quand un homme de cherchell voulait à tout prix prendre la place de son mari, mais il a été chassé par les habitants et les visiteurs. C'est à partir de là que Lalla Z'hor avait eu l'idée de demander à Khalti Fatma, sa voisine, de lui tenir compagnie à Sidi Belaïd. «J'étais jeune et j'avais peur de rester toute seule là-bas», expliquera-t-elle. Khalti Fatma, qui n'a pas hésité une seconde avec l'accord de son mari Ali Derbak, prenait avec elle des gâteaux, des bonbons, Halwat Djeldjlane, Halwat Dgig (semoule) que son mari préparait pour les vendre. Elle faisait ainsi d'une pierre deux coups : tenir compagnie à Lalla Z'hor et vendre ses douceurs. Les deux devaient se rendre chaque samedi et mercredi à Sidi Belaïd avant 8h durant quatre ans «on prenait le car de bon matin pour aller accueillir les visiteurs» Elles se faisaient même aider par Khalti Aïcha de Bou Ismaïl. Contente de notre présence, car on lui avait donné l'occasion de parler d'un passé merveilleux, Lalla Z'hor se mit à se souvenir des quatre premières délalate : Khalti Fatma, Khalti Bakhta, Khalti Kheira et Khalti Aïcha et se mit à rire sans pouvoir se retenir et avec l'expression d'un enfant innocent aux yeux scintillants qui veut tout raconter «Khalti Bakhta était la comptable de ces femmes. Mais Khalti Kheïra ne savait pas compter !!» Ces femmes encourageaient d'autres dans le besoin à se diriger vers Sidi Belaïd et faire de petits commerces pour nourrir leurs enfants au lieu de tendre la main. Des coupons de tissu, des gâteaux … des clientes et le tour est joué !! le souk marche comme sur des roulettes.